Pourquoi regarder FRANCES HA de Noah Baumbach ?

Après deux films consécutivement centrés sur des personnages désespérants, le cinéaste new-yorkais Noah Baumbach adopte un ton plus léger avec cette comédie de mœurs contemporaine qui s’inspire à la fois de la Nouvelle Vague française et de Woody Allen.

En collaboration étroite avec la comédienne principale Greta Gerwig, qui a co-écrit le script, il suit le quotidien d’une new-yorkaise de 27 ans sans revenus fixes, qui ambitionne vaguement d’être danseuse. Les choses se précipitent lorsque sa colocataire s’installe avec son petit-ami et oblige Frances à se recaser rapidement, ce qui lui donne l’occasion de faire le point sur sa vie.

Les dialogues sont drôles et précis, tandis que l’image en noir et blanc et la musique du compositeur de Truffaut Georges Delerue, accentuent volontairement la filiation avec la Nouvelle Vague. Mais c’est surtout l’omniprésente Greta Gerwig qui porte le film en apportant une énergie inépuisable et un optimisme bienvenu qui compensent largement l’immaturité et l’inconstance de son personnage.

Noah Baumbach a grandi avec le cinéma, son père et sa mère étant tous deux critiques de films. Le divorce de ses parents lui avait inspiré son deuxième long-métrage, Les Berkman se séparent. Il avait probablement essayé à cette occasion de régler le traumatisme que cette séparation avait représenté, sans pour autant qu’elle lui ait permis de se libérer totalement de l’hérédité familiale. En tout cas, la cinéphilie qu’il a hérité de ses parents est toujours très visible dans Frances Ha, avec ses multiples références qui sont aussi fièrement assumées que vaguement embarrassées.

Godard disait que c’est seulement quand il est devenu réalisateur qu’il s’est rendu compte qu’il ne pourrait pas faire les films qu’il voulait. De la même façon, Baumbach a réalisé son premier film à l’âge de 24 ans, alors qu’il aimait toujours La guerre des étoiles et Indiana Jones. La réalité lui a enseigné que ses films à lui seraient différents. Depuis, il reconnaît traiter fréquemment de personnages qui n’arrivent pas à vivre conformément à l’opinion qu’ils ont d’eux-mêmes. En dépit de l’impression d’improvisation, le script était très précis et les acteurs devaient le suivre à la lettre, sans modification. Pour une scène dans une salle de bains qui dure 28 secondes, Greta Gerwig raconte qu’elle a dû refaire 42 prises, parce qu’elle sentait bien qu’elle la jouait mal, mais ne savait pas comment la jouer bien.

Dans le film, les parents de Greta Gerwig sont joués par les vrais parents de l’actrice. Lorsqu’elle leur rend visite à Sacramento en Californie, ils vont dans une église qu’elle fréquentait dans son enfance. Frances Ha a été tourné avec un appareil photo numérique Canon 5D II dans les rues de New-York sans autorisation, un peu à la façon de la Nouvelle Vague. Noah Baumbach est très content du résultat, mais par la suite, il est revenu à la pellicule. Le directeur de la photo Sam Levy retournera avec le même réalisateur Maggie a un plan et Mistress America, tandis que Greta Gerwig fera appel à lui pour éclairer son premier long-métrage en tant que réalisatrice, Lady Bird.


PARCE QUE la scène de la salle de bain, 28 secondes, a nécessité 42 prises.

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