Pourquoi regarder THE NIGHTINGALE de Jennifer Kent ?

En 1825, alors que l’Australie est sous domination anglaise depuis 37 ans, une irlandaise prénommée Clare rejoint son mari après avoir purgé une peine de prison. Obsédé par la jeune femme, Hawkins, son officier de tutelle, assisté par des soldats britanniques, la viole, la frappe et tue son bébé et son mari. Laissée pour morte et devenue à moitié folle, celle-ci se met à pourchasser, avec l’aide d’un guide aborigène, ses agresseurs à travers l’immensité des terres vierges de Tasmanie. Et sa vengeance sera terrible.

Le deuxième long-métrage de Jennifer Kent a été projeté avec succès dans de multiples festivals en Italie, Australie, Israël, Nouvelle-Zélande, aux États-Unis, en Suède, Pologne et en France en avant-première au formidable Hallucinations Collectives de Lyon. Pourtant, dans la foulée, The Nightingale n’est sorti que dans quelques circuits de salles très limités à travers le monde, et directement en V.O.D au Canada et en France. La raison tient probablement du caractère violent et jusqu’au boutiste du film.

En effet, en racontant le parcours terriblement vengeresque de cette femme à la vie brisée, The Nightingale y va franco dans la violence sèche et radicale où tabassage, infanticide et coups de fusil rythment un récit dénonçant un régime colonialiste et la domination de l’homme par la violence. Contemplatif et brutal, tribal et émouvant, féministe et pulsionnel voire même des fois contemplatif (les magnifiques paysages boisés de Tasmanie), The Nightingale prend littéralement aux tripes.

Au temps de son adolescence, l’australienne Jennifer Kent désirait devenir actrice car, pensait-elle, une femme ne pouvait pas réaliser de films ! Sortie diplômée d’un institut d’arts dramatiques au tout début des années 90, elle entame un début de carrière devant les caméras dans des séries télé comme The New Adventures of Black Beauty et Fréquence Crime, avant de sauter le pas en réalisant en 2005 le court-métrage Monstre, où une mère et son fils sont attaqués par… un monstre ! En fait une version courte de son premier long qu’elle tournera neuf ans plus tard, Mister Babadook, récompensé dans divers festivals et qui, comme The Nightingale, mixe horreur et drame intérieur.

The Nightingale fait partie d’un sous-genre nommé  le « rape and revenge » (viol et vengeance), qui a donné de très nombreux films dont les plus connus sont Les Chiens de paille de Sam Pekinpah, Un Justicier dans la ville de Michael Winner en passant par Irréversible de Gaspar Noé et même – mais oui – La source d’Ingmar Bergman, inspiration principale de La Dernière Maison sur la gauche de Wes Craven. Un pur film d’exploitation provo des années 70 qui, lui-même, lancera réellement le genre à coups de séries B ultraviolentes dont les réputés (pour leur crudité) sont l’américain I Spit on Your Grave, l’italien La Maison au fond du parc, le suédois Crime à froid et le plus récent français Revenge de Coralie Fargeat qui, comme The Nightingale, est un des très rares rape and revenge réalisé par une femme.

Héroïne bafouée de The Nightingale, l’irlando-italienne Aisling Franciosi se fait connaître du grand public en tenant un rôle récurrent durant trois saisons dans la série  policière The Fall, interprétée par Gillian Anderson. On peut la voir également au détour d’un épisode de Game of Thrones. Au cinéma, la carrière d’Aisling Franciosi est nettement plus courte avec, à ce jour (NB : 11 avril 2021) quatre longs-métrages à son actif, dont un court rôle dans Jimmy’s Hall de Ken Loach.


PARCE QUE c’est un revenge movie émouvant et brutal dans les magnifiques paysages sauvages de Tasmanie.

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