Pourquoi regarder L’OUBLI QUE NOUS SERONS de Fernando Trueba ?

Un père est toujours un héros aux yeux de son fils. Plus encore quand comme le Dr Hector Abad Gomez, on est porté par une cause. En l’occurrence pour ce médecin de Medellin, porter à bout de bras des projets sociaux dans les quartiers les plus pauvres de la ville. Puis s’engager publiquement pour dénoncer la violence persistante des ex- paramilitaires des FARC désormais reconvertis en parti politique.

Le propre fils d’Abad a raconté ce destin dans un livre, Fernando Trueba le porte à l’écran avec L’oubli que nous serons. Pas tant pour revenir sur la situation de la Colombie au long des années 80 que pour ressusciter une vie de famille, traversée par un amour réciproque entre un père et un fils comme par des tragédies.

Trueba en fait à la fois un très attachant album de souvenirs perdus dans le deuil qu’un recueil des sensations et des sentiments puissants qui se transmettent lors d’une éducation humaniste, malgré un environnement particulièrement malmené par un conflit meurtrier.

Bien avant qu’on lui propose d’en réaliser l’adaptation, Fernando Trueba connaissait bien le roman qu’Hector Abad Faciolince a consacré à son père, jusqu’à être un de ses livres fétiches. L’auteur a fini par le convaincre de s’atteler à la tâche, Trueba s’est emparé du texte pour le déstructurer, se focaliser sur l’enfance de Faciolince et les derniers mois de son géniteur. Cette décision est somme toute logique quand le projet n’était pas de raconter la Colombie d’avant et après les FARC, mais de capturer des bribes du temps passé entre ce médecin et son enfant, en retrouver l’essence spirituelle d’une éducation à contre-courant des mœurs d’une société très ancrée dans les valeurs religieuses catholiques. 

L’oubli que nous serons en conserve malgré tout une : la bonté. Jusqu’à devenir la raison même d’être du film, Trueba mettant un point d’honneur à rendre photogénique la vertu. Le contexte du pays et de cette époque n’est évidemment pas évacué, mais Trueba a tenu à l’exorciser en se concentrant sur une relation basée sur l’altruisme de Gomez. Tout en étant une manière pour le réalisateur de rendre au cinéma ce que celui-ci lui avait donné : adolescent, il décidera de devenir réalisateur en sortant de L’enfant sauvage. Une autre histoire de rapport éducationnel entre un médecin et un enfant… L’oubli que nous serons se devait alors d’être avant tout dans la même veine, empathique. Mais aussi dans une certaine mesure critique : le film s’ouvre volontairement sur une séquence du Scarface de Brian de Palma pour tancer l’image d’une société latino-américaine violente que Trueba a toujours estimée caricaturale.

L’oubli que nous serons restant irrémédiablement attaché à des histoires de famille : avant que Trueba n’en tire une fiction, Daniela Abad, la fille de Faciolince a cosigné un documentaire à partir du roman sur son grand-père. Le réalisateur espagnol lui s’est attaché les services de son frère, David pour écrire le scénario de son film…


PARCE QUE la pureté de la relation humaniste entre un père et son fils y est représentée.

Voir le film

Articles recommandés

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *