Pourquoi regarder INFERNO ROSSO de Manlio Gomarasca et Massimiliano Zanin ?

S’il reste totalement inconnu au bataillon des spectateurs ne jurant que par Camping et Bienvenue chez les Ch’tis, Joe D’Amato reste néanmoins une légende pour les cinéphages hardcores shootés au cinéma d’exploitation déviant. Comme beaucoup de ses confrères du cinéma bis italien, Aristide Massaccesi (1936-1999) a pris divers pseudonymes – dont le plus connu est Joe D’Amato – pour signer une quantité industrielle de films d’exploitation des années 70 à 90. Érotisme chic mâtiné de chrétienté obscène (Les Amours interdites d’une religieuseOn l’appelle “Sœur Désir”), aventure post-nucléaire tourné sans budget dans des carrières romaines (Le Gladiateur du futur2020 Texas Gladiators), péplum coquin (Caligula : la véritable histoire) et, surtout, son genre de prédilection : l’horreur trash. Car ce sont surtout ses deux films cultes, Anthropophagous et Blue Holocaust, qui sont restés dans certaines mémoires. Non pas pour leur qualité esthétique, mais parce qu’ils allaient très loin (du moins à l’époque) dans le gore outrancier et morbide.

Les réalisateurs de ce documentaire, Massimiliano Zanin et Manlio Gomarasca, connaissent bien le cinéma made in D’Amato (surnommé “D’Amato Ketchup” dans un article qui lui était consacré dans feu le magazine Starfix). Et ont donc tourné ce film hommage (un peu trop court : 1h10) bardé d’intervenants venus de tous les horizons. D’abord les fans (Jean-François Rauger, programmateur à la Cinémathèque française, le cinéaste Eli Roth), l’acteur Luigi Montefiori (alias George Eastman), qui scandalisa l’Italie dans la fameuse séquence finale d’Anthropophagous où il dévore ses propres tripes à pleine mains), d’autres réalisateurs spécialisés dans le cinéma d’exploitation (Joe D’Amato lui-même, l’Espagnol Jesús Franco et Ruggero Deodato qui avait aussi frappé fort avec son Cannibal Holocaust)… Et surtout la propre fille du réalisateur, Francesca Massaccesi, qui regrette, la larme à l’œil, que son D’Amato de père n’ait été considéré en Italie que comme un simple pornocrate.

Et pour cause puisque suite à la déchéance du cinéma italien il y a une plus d’une quarantaine d’années (cinéma de genre compris), Joe D’Amato, dès les années 90, n’avait plus d’autres choix que de tourner porno sur porno. Dont une bonne poignée avec Rocco Siffredi dans des parodies X de Tarzan et des Sept Mercenaires. Si Inferno Rosso ne revient évidemment pas sur chaque film du petit maestro du bis (200 long-métrages au compteur, quand même !), il s’attarde sur certains d’entre eux. Dont le scandaleux Black Emanuelle en Amérique, resté mythique pour une séquence traumatisante d’un snuff movie au réalisme glaçant. Aujourd’hui, une petite partie de la filmographie de Joe D’Amato ne pourrait plus être produite. Car la morbidité nécrophilique de Blue Holocaust et le mixe cul et religion de ses films érotiques des années 70 provoqueraient l’Ire d’une partie du public et de la critique, désormais sous l’emprise d’une époque trop bien-pensante. Alors qu’Aristide Massaccesi/Joe D’Amato était loin d’être un faiseur cynique. Plutôt un petit artisan fou de cinéma qui adorait tourner film sur film sans jamais s’arrêter.


PARCE QUE ce documentaire fascinant revient sur la carrière du plus grand stakhanoviste du cinéma d’exploitation italien.

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