L’Exclu « Teemu Nikki »

Filmo vous présente deux films inédits de l’un des réalisateurs indépendants les plus audacieux de son époque : Nimby et L’aveugle qui ne voulait pas voir Titanic, de Teemu Nikki !

NIMBY (2020)

Avant toute chose, relisez le pitch de ce film : “Mervi est une fille gay vivant dans les quartiers branchés d’Helsinki. Elle est avec Kata depuis un an, et maintenant les circonstances les encouragent à sortir du placard. Ce faisant, Mervi se rend compte qu’elle n’est pas la seule dans sa famille à avoir des secrets : ses parents vivent dans une relation ouverte, bisexuelle et échangiste depuis 20 ans. D’un autre côté, Kata est assez surprise de vivre avec une fille hétéro qui sortait autrefois avec un néo-nazi. Et l’ex-petit ami ne peut pas admettre que Mervi soit maintenant avec une personne à la fois de la mauvaise couleur et du mauvais sexe. La véritable menace apparaît lorsque les parents de Kata arrivent de Berlin et que le chef skinhead local découvre qu’un célèbre homme politique musulman noir est arrivé en ville”.

Maintenant, imaginez un peu le degré de folie qu’il faut pour imaginer ce scénario, cette galerie de personnages, pour en faire une comédie, pour s’autoriser absolument tout. Oui, vous avez affaire à l’esprit d’un grand dingue, et son nom est Teemu Nikki, réalisateur finlandais complètement fou ! Bonne nouvelle, vous êtes sur le point de faire sa connaissance, et vous pourrez par la suite vous plonger dans une autre de ses folies, The Blind Man Who Didn’t Want To See Titanic, également disponible sur Filmo.

Mais revenons-en à Nimby. Et expliquons ce titre : NIMBY est un acronyme tiré de l’anglais traduit par « pas dans mon arrière-cour » ou « pas dans mon jardin » ou « surtout pas chez moi ». Le syndrome NIMBY désigne l’attitude qui consiste à approuver un projet pourvu qu’il se fasse ailleurs, ou à refuser un projet à proximité de son lieu de résidence. Ainsi, un jeu de dupe se met rapidement en place : chacun refuse de voir l’autre pour ce qu’il est, nul ne se parle, les secrets sont enfouis, les reproches sont légion. Un film sur la tolérance donc ? Oui.

Mais aussi, en vrac, un film où l’on bastonne du néo-nazi, où l’on rit énormément, un film où chaque scène surprend davantage que la précédente, où chaque acteur et chaque actrice semble prendre un plaisir fou à jouer sa partition. Oui, qu’on se le dise, Nimby est un film chaos.

PARCE QUE c’est l’œuvre folle et hilarante d’un génie finlandais qui gagne à être connu.

Voir le film

L’AVEUGLE QUI NE VOULAIT PAS VOIR TITANIC (2021)

Disons-le d’entrée de jeu, The Blind Man who did not want to see Titanic est un film qui demande beaucoup au spectateur. Beaucoup de courage, de curiosité, d’envie. D’une part, son sujet est grave. On y suit en effet le parcours d’un homme aveugle et paralysé jusqu’à la poitrine. Un héros invisible auquel on s’attache immédiatement, mais un héros avec lequel, aussi, nous souffrons scène après scène.

D’autre part, les choix de réalisation de Teemu Nikki ne manqueront pas de surprendre. Isolé dans son propre corps, Jaakko ne perçoit en effet son environnement que quand il est proche de lui. La caméra de Teemu Nikki adopte donc ce point de vue : elle ne quitte pas le visage du personnage principal, tout le film est un gros plan sur lui, et surtout, le peu que l’on voit tout autour est flou.

Aussi inattendu soit-il, ce film est une comédie romantique. C’est aussi un thriller (on préfère ne pas trop en dire) et une belle histoire d’amour qui montre que, dans de nombreux cas, l’amour transcende la beauté, l’âge ou les préférences personnelles. Un mélange des genres évidemment complexe, mais ici brillamment réussi.

Ce film, enfin, est la rencontre avec un acteur. Il se nomme Petri Poikolainen, il est réellement aveugle et atteint de sclérose en plaques. Au-delà de l’importance politique de confier un tel rôle à une personne souffrant vraiment de handicap, il est surtout bouleversant dans ce rôle qui demande tant.