Le pitch de la série: 1973. Onerva, 23 ans, est une jeune femme idéaliste, mais sa famille la trouve trop exaltée. Internée dans un sanatorium situé sur une île finlandaise, elle doit prendre part à une thérapie expérimentale menée par le docteur Lundsten. Alors qu’elle commence à douter sa santé mentale, Onerva découvre les secrets de l’île.

Dès sa scène inaugurale, Bad Apples intrigue et rappelle une autre ouverture mythique : celle de Shutter Island. Un protagoniste, malade en bateau, vomi ses tripes et se dirige vers une île isolée. Sur place, un asile plein de mystère qui va changer à jamais la vie du personnage principal. Mais à la différence du film de Martin Scorsese qui se dessinait comme une enquête à twist, Bad Apples se vit comme un drame psychologique où les rouages de l’asile s’apprêtent à briser son héroïne.
En cela, la série finlandaise (Mädät omenat en VO), portée par Satu Tuuli Karhu, logne plus du côté de Une vie voléeavec Winona Ryder et Angelina Jolie, voire même de la seconde partie de Vincere de Marco Bellocchio. Le point commun entre ces trois œuvres ? Des femmes réduites à l’état de silence en les mettant à l’asile. Le monde les écrase (comprendre ici les hommes) mais ce sont elles qui sont attachées, isolées, bâillonnées. En l’occurrence pour Bad Apples, c’est Onerva qui est pointée du doigt pour sa violence et son hystérie, alors que tout n’est que manipulation psychologique et médicamenteuse.

Si l’histoire de passe dans les années 1970 avec le contexte lointain de la guerre du Vietnam, c’est pour mieux renvoyer à l’autre grand film sur les asiles : Vol au-dessus d’un nid de coucou. L’allure terrifiante des infirmières rappelle inexorablement celle de Mildred Ratched. La même colère d’injustice et d’impuissance s’éveille chez le spectateur et les héros de voir la maltraitance, l’état d’emprisonnement, les fausses promesses. Alors, pour la plupart de ses prisonniers et prisonnière, la seule échappatoire : embrasser la folie pour supporter le réel.

Bad Apples trouve une vraie subtilité en ne jouant pas juste sur une opposition homme/femme ou soignants/soignés. Les petits arrangements égoïstes (mais parfois indispensables) créent des trahisons, des tensions, des rivalités. Parmi les non-soignés, une certaine empathie se développe. Mais tous sont finalement bien impuissants face à la puissance que sont l’asile et cette île. Et c’est là qu’on en revient à Shutter Island, cette île est comme un personnage à part entière, avec cet horizon infranchissable. Quand Onerva, dans l’épisode 3, pense quitter l’île mais se voit ramener à elle, on pense aussi à Lost, où ses personnages fuient un endroit qui agit sur eux comme un aimant.
Parce que cette série finlandaise développe un suspense prenant autour d’une sombre histoire d’internement psychiatrique, quelque part entre Une vie volée avec Winona Ryder et Shutter Island avec Leonardo DiCaprio.


