Anders Ølholm et Frederik Hviid, ont été récompensé dès leurs débuts : Anders comme scénariste (Antboy) et Frederik comme réalisateur de courts métrages (Palma, King) et d’épisodes de séries (en particulier Follow The Money) ! Shorta est leur premier long métrage, produit par Toolbox Film, une société danoise qui a le vent en poupe, porté notamment par le succès de Daniel (sur le photographe Daniel Rye, retenu captif par Daech pendant plus d’un an), et de Code Poursuite (un film d’action destiné à un jeune public).

Les réalisateurs ont tenu, avec Shorta, à s’éloigner d’une tradition de réalisme social qui pèserait, selon eux, sur la façon de faire des films au Danemark, notamment en expliquant beaucoup la psychologie des personnages. Au contraire, avec Shorta, le spectateur découvre les personnages au travers de leurs échanges et de leurs actes, au fur et à mesure que se déroule le film. Leurs influences principales étaient plutôt américaines, du côté de William Friedkin ou Walter Hill.
Avec ses faux airs de Michael Chiklis (interprète de Vic, le chef du groupe de flics pour le moins borderline de la série The Shield), Jacob Hauberg Lohmann est un visage familier pour les danois qui le voient dans de nombreuses séries à la télévision (Norskov, Follow the Money) ou au cinéma en dieu nordique, dans Valhalla, adaptation moins super-héroïque que celle des studios Marvel (Thor : Ragnarök) de la mythologique bataille de Ragnarök. Simon Sears est un acteur reconnu au Danemark, et à l’international, notamment grâce à son rôle dans la série Au nom du père. Face à ces acteurs chevronnés, on retrouve le jeune Tarek Zayat (Amos), dont c’est la première expérience cinématographique.

Souvent comparé au film Les Misérables, sorti un an temps avant Shorta, c’est surtout à La Haine que Shorta rend hommage, en multipliant les clins d’œil au film de Kassovitz. Ainsi, au fin fond du parking où finit par arriver l’ascenseur qu’ont pris Mike et un molosse qui va mal finir, on peut apercevoir sur un mur un collage en français reprenant la célèbre réplique de La Haine (et qui sert de titre à l’ouvrage de photographies sortis à l’occasion des 25 ans du film): « jusqu’ici tout va bien » à côté d’une silhouette (en collage également) en train de tomber.
Le film résonne douloureusement avec l’actualité et fait penser à la mort de George Floyd en 2020 et d’Eric Garner en 2014, que l’on voit en vidéo dire 11 fois « I can’t breathe », « je ne peux pas respirer », avant de perdre connaissance et de mourir suite à son interpellation par des policiers américains. Les réalisateurs, même s’ils intègrent la phrase « je ne peux pas respirer », devenue un slogan associé au mouvement Black Lives Matter, se sont en fait inspirés d’une affaire de violence policière danoise remontant à 1992.
Pour ne stigmatiser aucune population auprès du public danois, une banlieue fictive de Copenhague, Svalegården, a été créée de toutes pièces.
PARCE QUE c’est un survival en milieu urbain qui ne laisse pas le temps de respirer.
