Pourquoi regarder DEUX de Filippo Meneghetti ?

Pour les commerçants du quartier, comme pour la famille, Madeleine et Nina sont juste deux voisines de palier. Tout le monde ignore qu’en fait les deux sexagénaires vivent ensemble et qu’une histoire d’amour secrète les unit depuis de nombreuses années. Quand Madeleine doit être hospitalisée à la suite d’un AVC, Nina est censée redevenir une simple voisine…

« Ce film qui pourrait être un mélodrame, je l’ai tourné comme un thriller », déclare son réalisateur Filippo Meneghetti qui a mis six ans à réunir le financement de ce premier long métrage. Au lieu de faire de ses personnages des victimes Deux les fait entrer en résistance, lutter, chacune avec son tempérament. Et cette énergie donne toute son énergie au récit.

Martine Chevalier de la Comédie Française et Barbara Sukowa, qui a été aussi bien Rosa Luxembourg que Hanah Arendt chez Margarethe Von Trotta, interprètent magistralement ces deux amoureuses. Léa Drucker est ici la fille de Madeleine. Le metteur en scène confie qu’elle a été la première actrice à qui il a pensé car « elle sait susciter l’empathie chez les spectateurs, et son personnage pouvait être perçu comme méchant, alors qu’il ne s’agit pas de cela »…

L’espace, les lieux sont extrêmement importants dans cette histoire. Le point de départ du scénario est une simple anecdote qu’un ami avait raconté à Filippo Meneghetti : deux femmes âgées qui vivaient au-dessus de chez lui laissaient toujours la porte ouverte pour se sentir moins seules. A partir de cet élément, il a commencé à écrire le script avec une co-scénariste. Pendant l’écriture, les deux auteurs travaillaient aussi sur une maquette du décor en 3D. Chacun des appartements raconte Nina et Madeleine. Leurs lieux de vie sont des « miroirs de leur âme », commente le metteur en scène. L’un est très chargé d’objets, de souvenirs parfois paralysants, l’autre à peine meublé renvoie à la détresse de sa propriétaire.

« Les personnages du film auraient pu être un homme et une femme », affirme le réalisateur Filippo Meneghetti. Le propos de sa réalisation c’est en effet le poids du regard des autres et la force de l’autocensure, cette censure invisible mais très puissante. La question est d’abord de s’assumer. « Le regard que nous portons sur nous-mêmes est nourri par celui de nos proches, de la société, explique le metteur en scène. Et nous finissons par l’intérioriser. Et c’est de cela dont parle d’abord Deux. Le film soulève des problématiques auxquelles chacun peut s’identifier, que l’on soit hétérosexuel ou homosexuel. »

Un autre thème qui importe au réalisateur c’est celui de l’âge. Il avait envie que ses personnages assument leur âge sans problème, qu’elles acceptent leur corps tel qu’il est. Une façon pour lui d’aller à contre-courant du diktat du corps parfait qui pèse sur la société. Ses comédiennes révèlent donc leur corps en toute honnêteté sans maquillage excessif, ni retouche et le cinéaste leur est pleinement reconnaissant pour ce courage, cette authenticité.


PARCE QUE le film a reçu le Prix du Public au Festival Premiers plans d’Angers.

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