Caroline Vié L’adjectif cool semble avoir été inventé pour définir Harmony Korine. Oui, oui, « cool » en anglais est le terme qui s’applique le mieux au réalisateur. Ce cinéaste américain né en 1973 est tombé tout jeune dans le cinéma quand il a rencontré le réalisateur Larry Clark en 1995. Avec son mentor, il a écrit le sulfureux Kids (alors qu’Harmony Korine n’avait que 17 ans) puis Ken Park en 2002. En solo, Harmony Korine a mis en scène bon nombre de films trash, frappadingues ou les deux à la fois qu’il a également écrits. Gummo (1997), Julien Donkey-Boy (1999), Mister Lonely (2007), Spring Breakers (2012) et The Beach Bum sont les plus fameux. Il a aussi réalisé des clips pour des artistes aussi divers que Sonic Youth et Rihanna et signé plusieurs romans.
Dans The Beach Bum, Harmony Korine emmène le spectateur à la découverte d’un personnage original. C’est une sorte d’Alexandre le bienheureux version 2.0 totalement psychédélique qu’incarne Matthew McConaughey dans cette comédie qui permet de partager les délires polissons et les paradis artificiel d’un oisif bon vivant. La création de cet homme, qui a choisi de vivre l’instant présent sans se soucier du reste, a été l’objet d’une étroite collaboration entre le comédien et le réalisateur.
Ils se sont entourés de personnalités connues comme Zac Efron, Martin Lawrence, Isla Fisher, Snoop Dog et Jonah Hill pour donner vie à cet univers filmé par Benoit Debie, notamment réputé pour être le chef-opérateur attitré de Gaspar Noé. Le film a été montré pour la première fois au festival South By South West à Austin en mars 2019.
C’est après avoir passé pas mal de temps en Floride pour y tourner Spring Breakers qu’Harmony Korine s’est lancé dans l’écriture de The Beach Bum, son sixième long métrage. Il avait envie de rendre hommage aux personnalités hautes en couleurs qu’il a croisées lors de son séjour dans les Keys. La distribution de son film comporte à la fois des stars et des locaux qu’il a rencontrés sur place. Cela l’amusait d’orchestrer puis de filmer la rencontre entre des gens si différents. Il estime que ce procédé comme le fait de tourner en extérieurs donne comme une « réaction chimique » qui apporte un ton original au film. Pour lui, The Beach Bum est une ode à la liberté.
A l’origine, Harmony Korine avait écrit le rôle de Moondog pour Gary Oldman qui l’a refusé. Le réalisateur considère son héros comme un poète, un hédoniste un brin égoïste capable du meilleur comme du pire du moment qu’il peut vivre des choses agréables. Matthew McConaughey estime que Moondog aurait été digne de sortir d’une chanson écrite par Bob Dylan car il lui semble déguster sa vie et considérer chaque rencontre comme une note de musique. Le scénario avait un côté anarchique et décontracté qui l’a conquis. Snoop Dog a, lui aussi, participé à l’élaboration de son personnage. Il a notamment décidé que ce dernier serait complètement fictif alors qu’Harmony Korine souhaitait d’abord qu’il apparaisse dans son propre rôle.
Les anecdotes de tournage laissent à penser que les stars et leur réalisateur abusaient parfois de substances illégales. Harmony Korine a raconté que la barbe de Zac Efron lui a été inspirée par la vue d’un panini. Quant à Matthew McConaughey, il se souvient d’une scène où Snoop Dog avait remplacé la fausse marijuana qui servait d’accessoire par sa production personnelle. Il semblerait qu’ils se soient bien amusés à la suite de cette substitution mais qu’ils ont été incapables de prononcer un mot d’anglais cohérent pendant plus de neuf heures. « C’était une fête permanente pendant deux mois. J’avais l’impression d’être de retour dans les années 1990 » se souvient Matthew McConaughey.
Voir le film ici.
