SIN CITY, de Robert Rodriguez

Une adaptation tout en style.

Sin City, c’est le petit nom de Basin City, un monde futuriste hardcore, noir ou blanc, violent et pourri, en forme d’hommage post-moderne (il faut toujours se donner une petite gifle quand on emploie le mot post-moderne) aux films et romans les plus noirs – et blancs – façon Raymond Chandler.

Alors, de deux choses l’une : soit vous connaissez la BD de Frank Miller (elle a commencé à paraître en avril 91 aux Etats-Unis) et vous ne serez pas déçus ; soit vous ne la connaissez pas, et vous pouvez, dès maintenant, attacher votre ceinture. Vous risquez d’être surpris, non seulement par le niveau de testostérone (qui dépasse largement le seuil d’alerte), mais aussi par la nature même de ce film, tourné en chair et en os certes (les chairs étant nues et lacérées le plus souvent, et les os généralement brisés) mais tourné intégralement en caméra numérique haute-définition avant d’être magistralement truqué : le résultat est une sorte de traduction animée de la BD originale. En noir et blanc, comme l’original, avec quelques tâches de couleurs, comme l’original. Et des voitures qui volent quand elles se dépêchent, et des héros qui plongent dans les cages d’escalier pour échapper à leurs poursuivants… Alors, oui, le sang coule à flots, mais il est souvent blanc.

Encore une chose, si vous avez l’impression d’assister à plusieurs films en même temps, c’est également normal : ce sont trois volumes qui sont adaptés ici : The Hard Good Bye (ou Sin City), The big fat kill (Le grand carnage, en français) et That yellow bastard (Cet enfant de salaud).

Deux petits défis pour pimenter, s’il en était besoin, le spectacle : les premiers qui reconnaîtront Mickey Rourke et LA scène qu’a tourné Tarantino gagnent une bière. Une Chango bien sûr…

Frank Miller, l’incontournable.

Si Robert Rodriguez, réalisateur texan, à qui on devait déjà El Mariachi, Desperado et Spy Kids, a tenu à ce que Frank Miller apparaisse comme coréalisateur au générique, (il lui a même fallu démissionner de la Guilde des réalisateurs pour ça), ce n’est pas un hasard : non content de restituer l’ancrage, si caractéristique de la BD originale, il en a conservé le découpage et les angles de prise de vues. 

Quant à son mentor-copain, Quentin Tarantino, il a réalisé la scène de conversation en voiture, entre Dwight (Clive Owen) et Jackie Boy (Benicio Del Toro), très bavard en dépit de son égorgement. Et vous aurez donc reconnu Mickey Rourke dans le personnage de Marv. D’ailleurs, le prêtre à qui il se confesse dans le film, c’est Frank Miller.

Frank Miller, scénariste discutable des Robocop 2 & 3, est avant tout un auteur de BD, américain, qui s’est rendu très célèbre, dans les années 80, avec la reprise de deux personnages mythiques de l’histoire des comic books : Daredevil (où il créa le personnage d’Elektra) et Batman, dont il fit un portrait particulièrement sombre. Au début des années 90, il lança sa série Sin City. Et en 98, il publia l’album 300, inspiré d’un peplum de 1962, sorti en France sous le titre La bataille des Thermopyles. Cette BD sera à son tour adaptée, en 2006, par le réalisateur Zack Snyder. 300, le film, est d’ailleurs, comme Sin City, un long métrage aussi couillu que numérique, dont les scènes de combats sont devenues légendaires chez les amateurs.

Voir le film ici.

Articles recommandés

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *