Pourquoi regarder SHIN GODZILLA de Hideaki Anno et Shinji Higuchi ?

Vous connaissez le monstre, tout du moins, c’est ce que vous pensez. Car Shin Godzilla vous dévoile une autre facette de la créature, qui, plus de cinquante ans après sa première apparition, continue de fasciner, d’intriguer, d’effrayer.  Oui, Shin Godzilla est bien le vingt-neuvième volet (et un reboot) de la saga Godzilla débutée en 1954. Mais non, ce n’est pas juste un Godzilla de plus.

Parce que la créature, que l’on voit grandir ici petit à petit, bénéficie d’un design pour le moins original mais terriblement palpable. Un long travail d’animation a été effectué, et après avoir envisagé des costumes (à l’ancienne), un mélange d’effets pratiques et d’images générées par ordinateur, la légendaire Toho (l’une des plus grandes maisons de production du cinéma japonais à qui l’on doit notamment plusieurs des films du réalisateur Akira Kurosawa, nous pourrions en parler ici des heures mais ce n’est pas le sujet), le film opte pour un monstre entièrement en CGI. Mansai Nomura a dépeint Godzilla via la capture de mouvement.

Mais surtout, Shin Godzilla est un film différent, parce que le monstre n’est, en un sens, pas le héros. Certes, il est l’élément perturbateur, le destructeur de villes, mais c’est là l’immense intelligence des réalisateurs Hideaki Anno et Shinji Higuchi : Shin Godzilla parle d’autre chose. Shin Godzilla parle de politique. Audacieux, mais payant : lors des Japan Academy Prize de 2017 (l’équivalent japonais des Oscars américains ou des César du cinéma français), Shin Godzilla a remporté sept prix récompensant la réalisation, le montage, la photographie, la direction artistique, la lumière et le son.

Alors que le Godzilla original de Ishirō Honda était une métaphore des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, Shin Godzilla renvoie directement à la catastrophe nucléaire de Fukushima de 2011. Un vent de modernité souffle donc sur la licence. Un vent de révolte, aussi. En effet, dans Shin Godzilla, la plus grande menace pour le Japon ne vient pas de l’extérieur, mais de l’intérieur. De la sphère politique. Des décideurs en costards. Avec sa bureaucratie gouvernementale incapable d’agir en temps de crise et de résister fermement à la pression étrangère, le Japon de Shin Godzilla n’a rien de conquérant, de vaillant. Chose incroyable : on se passionne pour des gens dans des bureaux.

Mais attention : Shin Godzilla n’est pas que cela, il est tout cela. Un film hybride, fascinant. Une œuvre monumentale, tournée presque à la manière d’un documentaire. Mais comme le rappelle le site Culturopoing : “Traité ainsi, Godzilla a de beaux jours devant lui et reste universel lorsqu’il renvoie l’Humanité à sa faiblesse, son impuissance et sa médiocrité. Dans le même temps, le Roi des Monstres excelle dans son rôle favori, joué inlassablement dans le Japon moderne en ne cessant de détruire Tokyo, celui de toujours permettre la reconstruction”. Grand film, encore une fois.


PARCE QUE plus de cinquante années après son apparition, le célèbre kaiju n’a jamais été aussi menaçant. 

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