SANTIAGO, ITALIA, de Nanni Moretti

Une incursion dans le documentaire

On connaît le cinéma virevoltant de Nanni Moretti, avec des fictions souvent proches de ce que le réalisateur traverse dans sa vie. Mais on le connaît moins quand il décide simplement de rendre compte d’une réalité donnée, de poser sa caméra et de s’inscrire dans une démarche documentaire. C’est ce qu’il fait ici avec Santiago, Italia, avec un sujet historique qui continue de hanter de nombreux Chiliens et Italiens.

Car Moretti revient sur l’année 1973, où survint le coup d’état militaire du général Pinochet. Un événement qui vit l’ambassade d’Italie accueillir des centaines de demandeurs d’asile, des vies qui ont pu être sauvées grâce à ces diplomates italiens. Dans Santiago, Italia, Nanni Moretti interroge ces survivants, questionne sur un passé qui ne passe pas forcément et en fait un documentaire de grand cinéma.

C’est tout l’art de Moretti : réussir, à partir de l’intime, à faire une œuvre universelle, d’une portée non seulement historique, mais aussi terriblement humaine, touchante, bouleversante, amusante aussi, parfois. Un film qui donne à réfléchir et qui rend compte d’une réalité historique encore trop méconnue.

Un message d’espoir

Santiago, Italia relate des faits peu connus du grand public. Nanni Moretti lui-même ne les a découverts qu’en 2017, lors d’un voyage au Chili. Là, lors d’une conférence, il rencontra l’ambassadeur d’Italie qui lui raconta l’histoire de deux jeunes diplomates qui avaient accueilli des dissidents politiques à l’arrivée de Pinochet. Une histoire qui donna tout de suite envie au réalisateur non seulement d’en savoir plus, mais aussi de prendre sa caméra. 

Parmi les découvertes générées par le film, le fait que le coup d’état au Chili reste un fait très marquant pour les hommes et femmes de la génération du réalisateur, qui ont vécu les événements pendant leur adolescence ou en tant que jeunes adultes. Pour Moretti, il y a eu une reconnaissance immédiate entre ce que vivaient les Chiliens d’un côté et l’impuissance des Italiens de l’autre.

Tant et si bien que le documentaire rend compte d’un élan de générosité hors du commun de la part des Italiens envers les Chiliens, qui leur ont permis de travailler dans des champs dans la région d’Emilie ou dans des usines à Milan, leur offrant des cours d’italien ou des soirées festives. Signe que dans le malheur, l’humanité peut toujours faire front. Un très beau message d’espoir.

Voir le film ici.

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