Après l’ambitieux Planetarium en 2016 et avant la série télévisée Les sauvages en 2019, la réalisatrice Rebecca Zlotowski a eu l’envie d’une parenthèse enchantée. « Il fallait à tout prix que j’écrive un film de pulsion, de soleil, de sexe et de plaisir », disait-elle.
Ainsi surgit Une fille facile qui s’ancre l’été à Cannes. Naïma, 16 ans, qui y habite, attend comme chaque année que sa cousine Sofia la rejoigne. Mais, cet été, quelque chose a changé. Sofia a perdu sa mère et s’est fait tatouer sa nouvelle devise au bas du dos : Carpe diem. « C’est en quelle langue ? », demandera naïvement Naïma.
Plutôt que de se prélasser au soleil et à la plage, comme d’habitude, Sofia a revu ses ambitions : elle traîne du côté des yachts de milliardaires avec la ferme intention de s’y faire inviter pour profiter de tout ce qu’on peut lui offrir… en échange de quelques faveurs. Naïma, qui s’interroge sur le sens à donner à sa vie, observe cette nouvelle règle du jeu.
Rebecca Zlotowki avoue avoir eu l’idée d’Une fille facile, suite à sa rencontre avec Zahia Dehar, qui a, en son temps, défrayé la chronique pour avoir eu des relations tarifées et tapageuses avec des footballeurs. C’est sur Instagram que la connexion entre les deux femmes a eu lieu, la réalisatrice étant surprise que Zahia connaisse son nom. Curieuse, la cinéaste parcourt à son tour son profil, découvre que la jeune femme s’exprime de manière élégante, littéraire sans utiliser le moindre mot d’argot, ni la vulgarité habituelle des émissions de la télé-réalité. Elle y voit même un accent de Bardot et le phrasé d’un film d’Eric Rohmer !
Bref, elle lui écrit le personnage de Sofia, permettant ainsi à Zahia Dehar de tourner son deuxième long métrage avec un rôle dit de composition et quasi principal. Jusqu’à présent, elle n’avait interprété que son propre rôle dans Joséphine s’arrondit, la comédie de Marilou Berry. Rebecca Zlotowki la grime en Brigitte Bardot, période Saint Tropez, c’est à dire du milieu des années cinquante : cheveux en bataille, robe Vichy largement décolleté, hyperféminité et comportement libres revendiqués.
Quant à l’intrigue, la réalisatrice a en eu l’idée en lisant le témoignage de deux femmes qui se liaient à des hommes mariés le temps que leurs yachts restaient accostés dans les ports luxueux de la Côte d’Azur. Sa profonde connaissance du cinéma et les références qu’elle revendique ont fait le reste. Elle reconnaît s’être inspirée en premier lieu de La Collectionneuse d’Eric Rohmer, mais aussi dans une moindre mesure de La fille à la valise de Valerio Zurlini, de Plein Soleil de René Clément, d’Adieu Philippine ou de Blue Jeans de Jacques Rozier. Et pour boucler ce film d’initiation qu’elle confie aux mains de la débutante Mina Farid, elle s’est entourée d’acteurs confirmés comme Benoît Magimel, très inspiré dans son rôle de faire-valoir, du comédien portugais Nuno Lopes et l’aristocrate franco-italienne Clotilde Courau.
Ecrit par Véronique LE BRIS
PARCE QUE c’est la première fois que Zahia Dehar tourne dans un film d’auteur.