Pourquoi regarder TOLL de Carolina Markowicz ?

Dans ce film, deux univers à priori opposés cohabitent. Celui de la vie assez monotone de de Suellen, employée à un péage, et la vie colorée-queer de son ado, homosexuel qui se met en scène dans des vidéos sur Internet pour chanter en playback et danser. Le premier tour de force de Toll (Pédagio en VO, c’est-à-dire le péage) est d’alterner avec intelligence les deux environnements, liés l’un à l’autre.

Car au Brésil, la magouille côtoie le quotidien, les rêves de plus grands sont durs à atteindre et surtout le qu’en-dira-t-on est puissant. Si Suellen cherche à envoyer son fils dans un centre de conversion contre son homosexualité, elle le justifie avec la peur de ce que pourrait subir son enfant. Si la violence est la même pour ce fils, Toll raconte brillamment les tiraillements intérieurs de Suellen, magnifiquement interprétée par Maeve Jinkings.

Les fameuses scènes dans le centre de conversion font froid dans le dos : un pasteur tente de montrer que l’homosexualité est contre-nature, qu’on peut en sortir et, via des ateliers aberrants, essaie d’implanter des “pensées hétéros” à ces hommes et femmes, jusqu’à faire boire de la semence stérilisée.

Le film de Carolina Markowicz raconte aussi bien le Brésil contemporain (un peu à la façon d’Aquarius) que tout un pan du traditionalisme et de l’homophobie latente. La photo du film, tout en contraste entre naturalisme et poésie pop (la scène à travers les lunettes de soleil roses est magnifique), Toll évite le misérabilisme et finit par une belle note d’espoir, en chanson, en couleur, en amour.


PARCE QUE c’est à la fois le portrait d’un Brésil tiraillé dans son rapport à l’homosexualité et une histoire familiale touchante.

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