La réalisatrice anglaise Sally Potter construit depuis ses premiers court-métrages en 1979 une œuvre que l’on peut aisément qualifier de féministe, aussi bien par les sujets qu’elle aborde dans les films que pour son travail derrière la caméra. En effet, The Gold Diggers (1983), son premier long-métrage, a la particularité de compter sur une équipe technique entièrement féminine.
Pour animer le huis clos étouffant de The Party, tourné en studio et en noir et blanc, Sally Potter s’est dotée d’un casting de star internationale. On retrouve ainsi Kristin Scott Thomas, anglaise et française depuis sa naturalisation en 2017, peu de temps après le tournage de The Party, les américaines Cherry Jones et Patricia Clarkson, les anglais Emily Mortimer et Timothy Spall (acteur fétiche de Mike Leigh et connu des plus jeunes pour son interprétation de Pettigrow dans la saga Harry Potter), l’irlandais Cillian Murphy (Dunkerque, Oppenheimer, Peaky Blinders…) et le suisse germanophone Bruno Ganz (Les Ailes du désir, La Chute…).
Le noir et blanc du film a été réfléchi avec le directeur de la photographie Alexey Rodionov, qui travaille avec Sally Potter depuis son succès international Orlando (1992). Il renvoie à l’esthétique du free cinema des années 1960, un courant cinématographique contestataire, qui témoigne des mutations sociales et donne la parole à la jeunesse de l’époque. Les Chemins de la haute ville (Jack Clayton, 1959), La Solitude du coureur de fond (Tony Richardson, 1962) ou Le Prix d’un homme (Lindsay Anderson, 1963) font parties des œuvres majeures de cette « vague ».
Le scénario a été écrit par Sally Potter en réaction aux élections générales en Grande-Bretagne qui avait abouties, en dépit des sondages, à la victoire à la majorité absolue du parti des conservateurs porté par David Cameron. Tourné en juin 2016, au moment du vote pour ou contre le Brexit, le film fait également écho à ce moment particulier de l’histoire britannique, comme l’explique Cillian Murphy : « Il est évident – je crois qu’on peut le dire – qu’il fait référence au Labour Party. Je crois qu’il parle des relations et du fait qu’il n’y ait plus de relations normales de nos jours ; la normalité d’une relation est sujette à tant de variations. Le film parle de l’évolution des relations à long terme, des relations liées au pouvoir… Tom (le personnage qu’il incarne) est l’illustration parfaite de ces gens qui ne s’assemblent que pour réussir ».
PARCE QUE la fête tourne au vinaigre dès le premier plan !