Le pitch: Dans la ville de Södertälje, en Suède, Gabriel est pris entre l’école, le basket et un réseau criminel. Sa sœur Magda vise l’élite du sport tandis que Sibel, une policière syriaque, lutte entre sa famille et son métier. Entre loyautés, violence et survie, chacun doit choisir son camp dans un monde où les frontières entre le bien et le mal s’effacent.

« Une cocotte-minute sur le point d’exploser. » Jens Östberg, le créateur de la série, ne décrira pas mieux que nous ce que l’on voit mijoter à travers les six poignants épisodes de Taelgia, show suédois qui nous plonge dans la fournaise d’un quartier sensible de Södertälje, ville moyenne éloignée de quarante bornes de Stockholm, gangrénée par la criminalité. Si la série ne tente pas d’expliquer l’origine de la violence, elle l’utilise en revanche comme un décor aux personnages qui, eux, l’éprouvent, à la manière de Un prophète de Jacques Audiard ou des Misérables de Ladj Ly, films références du réalisateur suédois sur ce projet. Ce qui se joue, monté en neige sur six heures, sont les conséquences de cette violence sur les habitants du quartier de Ronna qui abrite depuis la fin des années 60 une grande communauté assyrienne.

On fera donc attention, malgré un soin tout particulier apporté à l’authenticité et au réalisme : Taelgia n’a rien d’un documentaire. C’est une fiction qui s’ancre cependant dans une réalité tristement célèbre en Suède, une « vague de violence sans précédent » que constatait le chef de l’état suédois en 2023, suite à l’explosion des règlements de comptes entre gangs.

La série, imaginée neuf ans avant ces propos, s’attache à donner corps et cœur à ces hommes, femmes, enfants et familles pris.es au piège dans un feu croisé entre la police et les criminels, entre la loyauté et le devoir, entre la dérive et le droit chemin. Un exercice de funambulisme admirablement réussi grâce à la grande justesse de jeu des acteurs et actrices (parfois amateurs.rices), ainsi qu’à une écriture minutieuse de tous les différents protagonistes, rendant l’ensemble diablement crédible, passionnant et touchant.
Parce qu’en Suède, les gangs ne sont pas moins méchants et les conséquences pas moins graves qu’ailleurs.
