Pourquoi regarder POP REDEMPTION de Martin Le Gall ?

Parce qu’on peut avoir l’idée d’un long-métrage devant une pub pour l’Eurostar – avec des faux Beatles et couronnée du slogan « Londres au rabais ». C’est la révélation qu’a vécu Martin Le Gall, réalisateur alors prometteur de quelques clips, courts et moyens-métrages. Pop Redemption, c’est l’histoire de ces sosies bas de gamme de Paul McCartney, John Lennon, George Harrison et Ringo Starr, qui se révèlent être des trentenaires membres d’un groupe de Black Metal en cavale après un homicide involontaire. Pour donner vie à cette aventure loufoque, Martin Le Gall a formé son propre super groupe, composé de Julien Doré, au sommet de sa carrière de chanteur post-Nouvelle Star, Grégory Gadebois, Yacine Belhousse et un Jonathan Cohen encore loin de Serge le Mytho. Un choix payant puisque la dynamique entre ces quatre personnalités hors-normes rend chaque scène hilarante.

Parce que certes, Pop Redemption est une comédie, mais c’est aussi un film sur le monde cruel de la musique. Derrière les chanteurs qu’on entend à la radio, derrière les groupes à l’affiche des gros festivals de l’été, il y a pléthore d’artistes et musiciens condamnés à l’anonymat, qui mènent une deuxième vie en parallèle. Martin Le Gall nous raconte l’histoire de ces gens un temps animés par la fougue et le désir de percer dans la musique, qui voient, au fil des ans, leur rêve se réduire comme une peau de chagrin. Julien Doré incarne Alex, le leader des Dead Makabés, qui refuse d’accepter l’inévitable. Soit l’opposé de l’acteur sur un nuage en 2012, qui s’apprêtait à sortir l’un de ses plus gros succès, Løve. Pourtant, Julien Doré s’est reconnu dans le personnage d’Alex, et a puisé dans son passé de galères, avant le miracle de la Nouvelle Star. Des années pendant lesquelles le chanteur répétait dans un local de maçonnerie que son patron lui avait prêté.

Parce qu’au-delà des vannes et des gags réussis, il y a aussi une sincérité et une fragilité dans Pop Redemption. Martin Le Gall a réalisé un film de beaux losers, qui ont le droit à une dernière chance, un dernier baroud d’honneur. Alex, JP, Pascal et Erik ne peuvent plus se piffrer et nourrissent des rancunes les uns envers les autres. Les Dead Makabés sont au bord de l’implosion. La rédemption promise par le titre du film n’est pas celle qui attend le groupe après la mort accidentelle qu’il a causé, mais plutôt celle qui va réunir à la fin du parcours des potes qui n’avaient plus rien en commun. Comédie touchante sur l’amitié dans l’univers de la musique, Pop Redemption est dans la lignée de Mes Meilleurs Copains de Jean-Marie Poiré et Spinal Tap de Rob Reiner, faux documentaire sur un groupe de Hard Rock imaginaire.

Parce que des films français sur le milieu du Hard Rock et du Métal, justement il y en a peu, et encore moins des comédies. C’est tout le mérite de Martin Le Gall d’avoir su plonger sa caméra dans le milieu des musiques extrêmes, souvent raillé et incompris par le grand public. En l’abordant par le rire, le cinéaste permet au spectateur de saisir toutes les subtilités de cette musique, son imagerie, ses codes et ses sous-genres. Pop Redemption est un film quasi-pédagogique, voire documentaire par certains aspects, comme ces images en plein cœur du Hellfest, Mecque pour metalleux qui accueille tous les ans dans la ville de Clisson des centaines de milliers de spectateurs. Si Martin Le Gall n’a plus réalisé de film depuis Pop Redemption, il peut se vanter d’être le premier cinéaste à avoir immortalisé sur grand écran l’un des plus gros événements Métal au monde.


PARCE QUE Julien Doré et Jonathan Cohen jouent les membres d’un groupe de Black Metal en cavale.

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