Pourquoi regarder PATTON de Franklin J. Schaffner ?

« J’aime la guerre, les responsabilités qu’elle implique, l’excitation qu’elle procure. La paix va être un véritable enfer pour moi », ainsi s’exprimait le Général George S. Patton, auquel Franklin J. Schaffner consacra son septième long-métrage, en 1970, juste après La Planète des singes.

S’inspirant des mémoires de Patton et de celles de son compagnon d’arme, le général Bradley, également conseiller militaire sur le tournage, Francis Ford Coppola – deux ans avant la sortie du Parrain – et Edmund H. North – auteur du Jour où la terre s’arrêta de Robert Wise – écrivirent le récit de ces années de guerre, durant lesquelles cet homme controversé et imprévisible, orgueilleux et mystique, grand tacticien et piètre diplomate, s’illustra, notamment, face au feld-maréchal Rommel.

En avril 1971, un an après sa sortie, le film que vous allez voir reçut sept Oscars, dont ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario et du meilleur acteur, attribué à George C. Scott… qui le refusa, n’acceptant pas l’idée d’être mis en concurrence avec d’autres acteurs. Ce qui ne l’empêcha pas d’être à nouveau nommé dès l’année suivante !

Né à Tokyo en 1920, Franklin J. Schaffner y demeura jusqu’à la mort de son père, en 1936. De retour aux Etats-Unis avec sa mère, il y tentera (sans succès) une carrière de comédien avant de devenir assistant puis réalisateur à la télévision, ce qui l’amènera à conseiller le président Kennedy pour toutes ses interventions télévisées. Parallèlement, il s’intéresse au théâtre où ses mises en scène font l’unanimité et lui ouvrent les portes d’Hollywood, de la Fox tout particulièrement. À propos de Patton, il déclara dans le numéro de juin 1970 du magazine Positif : « De toute évidence, Patton n’est pas un film militariste […]. Ce n’est qu’incidemment que la guerre est à l’arrière-plan, parce que c’est la profession de cet homme […]. Mais il aurait pu être banquier, politicien [ou] journaliste. »

De son côté, le déjà bouillant Francis Ford Coppola (la trentaine) avait fait savoir qu’il retirerait son nom du générique si le film ne conservait pas le point de vue critique adopté dans son scénario. Ce à quoi, ironique, le réalisateur répondit : « Je n’ai jamais été aussi libre qu’en réalisant ce film. Francis criait au loup quand le troupeau n’était pas en danger. » Cette grande liberté de ton ne fut pas pour rien dans l’accueil enthousiaste que la presse française réserva au film : « Qui oserait, chez nous, peindre avec cette franchise une de nos gloires nationales ? », s’interroge Michel Duran dans le Canard enchaîné ; « En quel autre pays serait-ce possible », confirme Pierre Mazars dans le Figaro.

Comme l’écrira Jean Rochereau dans la Croix, « incarner Patton à l’écran était tâche dantesque. On redoutait John Wayne – ce qui eut été proprement une catastrophe –, on eut George C. Scott […], dont la modestie même […] aboutit à une composition exemplaire ». Pour le Nouvel Observateur : « Patton devient [même] une espèce de Borgia auquel George C. Scott donne une carrure shakespearienne. »

On se souviendra que Burt Lancaster avait été initialement envisagé et que quatre ans plus tôt, c’est Kirk Douglas qui avait (brièvement) hérité du rôle dans Paris brûle-t-il ?, de René Clément. En 1986, et pour la télévision, George C. Scott reprit son rôle dans Les Derniers jours de Patton, de Delbert Mann. Aux côtés de son épouse (Eva Marie Saint), on l’y découvrait mortellement blessé dans un accident de voiture pas loin de Francfort, trois mois seulement après la fin de la guerre.


PARCE QUE George C. Scott a remporté l’Oscar pour son rôle de général mais l’a refusé.

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