Pourquoi regarder MANDARINES de Zaza Urushadze ?

Mandarines, un nom de fruit gourmand écrit au pluriel… Il est alors bien difficile de dire quel film se cache réellement derrière ce titre sinon banal du moins anodin. Coproduit par l’Estonie et la Géorgie, Mandarines du réalisateur géorgien Zaza Urushadze se plaît ainsi à brouiller les pistes. Certes, de mandarines il sera bien question, mais la suavité de cet agrume ne sera pas toujours au rendez-vous tout au long de cette histoire en forme de fable lumineuse sur les ravages de la guerre et la vie, qui résiste à tout prix et contre toute attente.

On est en 1992, durant la guerre d’Abkhazie, en Géorgie, durant, également, oui, la récolte des mandarines, dans un village déserté à cause de la guerre où ne vivent plus qu’un vieil homme Ivo et Margus, un producteur de mandarines, tous deux d’origine estonienne. Alors que le conflit est de plus en proche, Ivo décide de venir en aide à un soldat Tchétchène blessé tandis que Margus fait de même avec un soldat géorgien dans le même état et qu’il emmène chez Ivo. Se retrouvent alors sous le même toit deux combattants de camps opposés, deux ennemis irréductibles, deux haines tenaces…

À l’origine du film, selon son auteur, il y a une émotion et non un discours : « Pour être franc, j’ai écrit le scénario en deux semaines, sans avoir à l’esprit l’injonction d’aimer son ennemi qui parcourt le film comme d’autres motifs. Je pense que l’on ne crée rien d’intéressant si l’on part de schémas préétablis. En revanche, si le film est écrit à partir de ce qui touche, à partir d’un point douloureux, il peut rejoindre des thèmes universels. »

Né en 1965, Zaza Urushadze est le fils d’un footballeur soviétique. Après des études à l’Université de Théâtre et de Cinéma de Géorgie, il signe son premier long-métrage en 1988 puis un second en 2009. En 2013, Mandarines reporte plusieurs prix internationaux et deux ans plus tard, il est nommé pour le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère ainsi que pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère au cours des Oscars la même année. Le film s’inscrit ainsi dans une montée en puissance d’un cinéma géorgien aux côtés notamment de La Terre éphémère de George Ovashvili et de Notre enfance à Tbilissi de Treona et Thierry Grenade.

Mandarines se présente comme une fable morale. Le scénario contraint deux adversaires, l’un Géorgien séparatiste de l’Abkhazie, l’autre Tchétchène à la solde des Russes à trouver un terrain d’entente au sein même de la maison d’Ivo qui appartient, lui, à la diaspora estonienne. Ce dernier prend soin de ses hôtes comme il le ferait avec ses propres enfants, et comme le fait son voisin estonien Margus avec sa récolte de mandarines.

Au regard de son sujet et de la situation dramatique qui le porte, le film pourrait être d’une tonalité uniquement sombre. Or, à l’image de la saveur de la mandarine qui est à la fois « acide et douce », comme le fait remarquer le réalisateur lui-même, le film oscille sans cesse entre des moments de tension extrême et des épisodes où l’humour et la distance reprennent leurs droits. Comme s’il s’agissait ainsi de conjurer le sort et de ne pas céder à la tentation du renoncement pur et simple.


PARCE QU’IL s’agit du premier film estonien à avoir été nommé aux Oscars (c’était en 2015).

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