Pourquoi regarder M.A.S.H. de Robert Altman ?

La guerre de Corée, fraîche et joyeuse, dans l’œil satyrique de Robert Altman s’intitule M.A.S.H. C’est, en 1970, l’un des plus grands films antimilitariste de l’histoire du cinéma, parce que c’est une comédie noire.

Elliott Gould, Donald Sutherland et Tom Skerritt sont chirurgiens dans une unité de santé, le « Mobile Army Surgical Hospital » (d’où l’acronyme M.A.S.H.). Parce qu’ils sont compétents, ils peuvent se permettent toutes les désinvoltures, désobéissances, paris, grossièretés et transgressions. Leur cynisme est absolu, et leur goût du désordre inversement proportionnel à leur qualité de praticiens.

Ça va saigner et c’est horriblement drôle.

Au premier degré, c’est un film de carabins transposés en pleine boucherie. Rien ne va les démonter. C’est aussi bien sûr, au moment de la guerre du Vietnam, un film hippie qui prend prétexte de la précédente tuerie pour railler l’hyperlogistique de la machine américaine. C’est aussi, en creux, un portrait moins flatteur des élites de la nation pour qui les lendemains chanteront quoiqu’il arrive. Bref, un film idéologiquement incorrect.

Le script adapté d’un roman de Richard Hooker par Ring Lardner Junior, blacklisté à l’époque du maccarthysme et l’un des 10 d’Hollywood, a fait en vain le tour d’Hollywood chez des vieux comme Zinnemann, Mankiewicz, David Lean, ou chez des jeunes comme Kubrick ou Mike Nichols. Tout le monde l’a pris avec des pincettes. Il échoue finalement chez un second couteau, Robert Altman, qui à 45 ans passe un peu pour un vieux cheval de retour. Il dit haut et fort qu’il va en faire un film agressif et misanthrope. Et il le fait. Il commence par embaucher des acteurs peu connus Gould, Sutherland, Skerritt et Robert Duvall. Il fait répéter les lascars en immersion dans des tentes de l’armée. Puis sur le tournage les encourage à parler en même temps et les laisse libre d’improviser.

Le petit budget du film, trois pauvres millions et demi de dollars, contraint le cinéaste à tourner en studio, à Santa Monica et des extérieurs à Malibu. Mais comme on dit, ça fait la farce. D’autant plus que le tournage est à peine considéré par la Fox, qui à la même époque gère deux énormes productions, Patton et Tora tora tora. Gould et Sutherland craignent pendant le tournage que ce film fauché et ce réalisateur autoritaire nuisent à leur carrière. Les exécutifs du studio les rassurent, ce ne sera qu’une production mineure destinée au drive-in et aux ploucs. Sauf que le film rapportera vingt-cinq fois sa mise, obtiendra la Palme d’or à Cannes, fera de Gould et Sutherland des stars et installera définitivement Altman parmi les tickets gagnants du nouvel Hollywood. Bien sûr, les militaires n’aimeront pas et tenteront de bloquer le film. Le public lui se souviendra toujours de « Hot lips », alias « lèvres en feu », joué par la capiteuse Sally Kellerman. Robert Altman résumera toute cette histoire par une jolie formule : « le film n’a pas été réalisé, il s’est évadé. »


PARCE QUE cet immense classique du grand Robert Altman a inspiré la série très populaire et encensée série MASH, qui fut diffusée de 1972 à 1983.

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