Pourquoi regarder LOIN DE LA FOULE DECHAINEE de Thomas Vinterberg ?

« Fais ce qui est juste. » C’est ce que répond le berger Gabriel Oak (Matthias Schoenaerts) à la fermière Balthseba Everdene qui, au cours d’une scène de danse, vient de demander à son cavalier ce qu’elle doit faire. Alors que plusieurs mois auparavant, elle lui a refusé sa demande en mariage. Et si ce questionnement essentiel était au centre de Loin de la foule déchaînée, le film de Thomas Vinterberg ? Qu’est-ce qui est juste en matière de sentiments ? L’interrogation est d’autant plus importante qu’une redoutable frontière sociale et économique sépare ces deux protagonistes. Il n’est qu’un employé. Elle est une héritière, patronne d’une vaste exploitation agricole. Elle est aussi un « beau parti » que convoitent d’autres hommes… Que faire alors qui ne soit pas injuste au regard des sentiments, quand tant d’autres enjeux existent, quand tant de barrières et de conventions se dressent, comme autant d’obstacles impossibles à franchir… ?

Très fidèle au roman de Thomas Hardy, Thomas Hardy adopte une position de grande sagesse qui tranche avec ses films précédents dans la lignée, eux, de Festen notamment. Mêlant habilement romantisme et naturalisme, il filme longuement  la nature et les animaux. Le contraste avec l’histoire racontée, et sa violence si on y réfléchit bien, s’avère particulièrement efficace. L’écart entre les classes sociales tel qu’il est décrit et dans le roman et dans le film demeure au centre du récit mais sans jamais éclater véritablement. Comme s’il s’agissait d’un ordre naturel des choses.

Le film est assurément porté par son impeccable casting. Avec, au premier rang, l’actrice Carey Mulligan, découverte dans Une éducation de Lone Scherfig et vue ensuite dans Shame de Steve McQueen et Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann, la jeune actrice britannique a trouvé dans le film de Vinterberg un premier grand rôle à sa mesure. Elle campe avec force et sensibilité cette patronne aussi déterminée que mélancolique. Quant à Matthias Schoenaerts, il fait preuve ici d’une sensibilité que seul Jacques Audiard auparavant avec De rouille et d’os avait su aussi bien mettre en avant et exploiter. Loin des rôles très physiques et masculins auxquels l’acteur flamand semble parfois être condamné.


PARCE QUE Thomas Vinterberg adapte un roman de Thomas Hardy, que John Schlesinger avait déjà porté à l’écran en 1967.

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