Pourquoi regarder LIBRE GARANCE ! de Lisa Diaz ?

Avoir douze ans dans les Cévennes au début des années 80. Entouré de parents qui ne voient pas la vie de la même manière, Garance est passionnée par ce qui se dit entre grands, tandis qu’un couple d’activistes italiens cherche fiévreusement une planque après avoir attaqué une banque des environs. Mais Garance a tout vu…

Libre Garance ! est filmé à hauteur d’enfant. Mais d’une enfant qui change, une fille au tempérament aventurier, entre deux eaux, entre deux âges, qui voit s’éloigner doucement son innocence. La réalisatrice Lisa Diaz, formée au court-métrage, voulait avec ce premier film raconter l’histoire d’un héritage politique : qu’est-ce que la génération des années 1970, qui a tant nourri d’espoirs sur une société meilleure, a légué à la génération d’après ?

Tourné dans les Cévennes, en Lozère, où Lisa Diaz a grandi, Libre Garance ! s’appuie sur la présence de Grégory Montel dans le rôle du père, qu’il interprète avec une douceur maternelle. Lolita Chammah joue son épouse dans un registre inversement viril, tandis que Laetitia Dosch dote son rôle d’activiste de la passion que les cinéastes lui reconnaissent. Révélation du film, Garance alias Azou Gardahaut Petiteau, est une petite bretonne téméraire, surfeuse, dont la capacité à improviser a séduit la réalisatrice. Aussi “Libre” à 13 ans que son personnage.

Lisa Diaz s’est inspirée de ses premières lectures pour construire ce premier film ; et en particulier de l’univers picaresque de Tom Sawyer. “Quand j’étais enfant, j’aimais beaucoup Mark Twain, confie la réalisatrice dans le dossier de presse. Cet aspect contrebandier du film, c’est ma façon de rester du côté de l’enfance pour raconter une histoire politique” qui, vue depuis l’enfance, “a quelque chose de poétique. L’imaginaire transforme tout. Garance réinvente ce qu’elle voit et entend. Elle nous entraîne du côté du conte”.

Sa Garance grandit dans une famille de gauche qui se pose des questions sur leur engagement. “Cette question de la transmission politique m’intéresse. Elle se posait de façon double à cette période-là, entre ceux qui ont expérimenté le mouvement du retour à la nature ; et les derniers feux de la lutte armée, incarnés dans le film par l’activiste italien.” En situant son intrigue dans les Cévennes, au cœur d’une nature imposante, Lisa Diaz dit n’avoir pas eu “l’impression de fabriquer une situation. Je sais aussi que c’est un endroit où les gens se planquent, peuvent disparaître, un territoire où l’on peut réellement se perdre.” Et un territoire peu peuplé, “où les habitants se baignent nus dans les rivières !” Libre Garance ! est également une réflexion sur la peur, omniprésente tout au long du récit, notamment sous la forme du cauchemar et du conte. “Cette peur, je la sens aujourd’hui partout, diffuse. Elle habite nos quotidiens, nos projections d’avenir.” La première des peurs, estime la cinéaste,  c’est celle de ne pas savoir où nous allons. “On est quand même dans une période de grande menace, de grande incertitude. Mais il reste néanmoins la force du quotidien. Il y a l’enfance qui est là, et la joie qui en émane, malgré tout, comme une forme de résistance.”


PARCE QUE la vie regardée à hauteur d’enfant aura toujours des choses à nous apprendre.

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