Caroline Vié Attention : film choc. Le Garçon au pyjama rayé brasse des émotions intenses autour de l’amitié impossible entre deux enfants que tout sépare. Le premier est le fils du commandant du camp de concentration d’Auschwitz. Le second est un petit garçon juif, prisonnier. Pour le premier gamin, qui vient d’avoir 9 ans, rien n’est clair : il croit de bonne foi que les costumes rayés des déportés sont des pyjamas. Les yeux de l’enfance ne peuvent analyser ni comprendre l’indicible.
Mark Herman s’est inspiré d’un roman de John Boyne pour conter cette histoire tragique dont la force vient de la simplicité. Deux garçons du même âge séparés par l’Histoire et l’ignominie de la « solution finale » balayent leurs différences le temps de brèves rencontres clandestines, dont le spectateur est le témoin privilégié. Le réalisateur montre l’atrocité du camp sans voyeurisme ni complaisance, ce qui lui permet d’en dénoncer l’horreur.
On pense à La Zone d’intérêt de Jonathan Glazer en découvrant le quotidien du fils du l’officier nazi. Mais Le Garçon au pyjama rayé adopte le point de vue de l’enfance plutôt que celui de ses parents, incarnés par David Thewlis et Vera Farmiga. Le tout jeune Asa Butterfield, futur Hugo Cabret de Martin Scorsese puis héros de la série Sex Education, fait des débuts remarqués dans le rôle d’un petit Allemand ordinaire confronté à une réalité épouvantable dont il est trop jeune pour saisir l’horreur.
Le Garçon au pyjama rayé touche en plein cœur en brossant le portrait de deux gamins dont la relation aurait pu s’épanouir jusqu’à l’âge adulte. Les atrocités de la Seconde Guerre mondiale en décident autrement. Impuissants face au monde qui les entoure, ils volent des moments de complicité. La fin d’une cruauté intense laisse bouleversé, ce qui n’est pas le moindre atout de cette œuvre palpitante. Elle donne à réfléchir sur le passé dans l’espoir de ne pas voir le voir se reproduire à l’avenir.
PARCE QUE ce film poignant montre la Shoah à hauteur d’enfants avec pudeur et sensibilité.
