Pourquoi regarder LE CRI de Michelangelo Antonioni ?

En 1957 sort Le cri, un film italien de Michelangelo Antonioni. C’est la réaliste et même néoréaliste histoire d’un ouvrier qui erre avec sa petite fille dans le nord de l’Italie pour retrouver l’amour. Si la belle Alida Valli incarne sans surprise la femme victime du désamour, le rôle de l’amant est tenu par un Américain, Steve Cochran. Une autre yankee figure au casting, c’est Betsy Blair, signe d’une coproduction américaine pour toucher le marché international. Pour autant, c’est sans conteste un film du maître italien par le soin apporté aux images et par le tempo si particuliers qu’il sait imprimer à son montage. Voici l’histoire d’un homme qui ne parvient pas à combler sa solitude.

Le cri est le dernier film d’Antonioni avant la légendaire trilogie qui va le propulser sur le devant de la scène cinématographique mondiale. On a parlé d’une œuvre néoréaliste tardive mais en réalité il s’agirait plutôt d’un mélodrame sans pathos. Par la suite, en enchaînant L’avventura (1960), La nuit (1961) et L’éclipse (1962), le cinéaste trouvera son style. Ce fameux détachement presque abstrait du récit qui montre la précarité des affections humaines. Ce label Antonioni de beauté et de froideur qui en fera un véritable documentariste de l’âme humaine. En attendant, on décèle dans ce « Cri » si émouvant cette beauté formelle qui rappelle qu’Antonioni pratiqua la peinture dans sa jeunesse. Du point de vue du récit on pourrait avancer, si l’on ne craignait l’anachronisme, qu’il s’agit d’un road movie. Sauf que notre héros emprunte la route des femmes pour retourner à la femme originelle. C’est le seul ouvrier dans l’œuvre d’Antonioni qui ne fut pas un cinéaste social mais un poète de la psyché. Steve Cochran, lui, fut un demi-sel du cinéma hollywoodien que l’on vit en Sparring-Partner de grands artistes, à la Warner essentiellement. Il se spécialisa dans les rôles de durs et de violent et son physique viril en fit un de ces bad boys faisant fantasmer la bourgeoise. On le vit en adversaire de James Cagney dans L’enfer est à lui de Walsh, dans L’esclave du gang de Vincent Sherman, ou Les amants du crime de Felix Feist. Il reçut d’excellentes critiques pour Le cri mais, pour autant, ne relança pas une carrière déclinante. Il mourut subitement au large d’Acapulco sur son yacht entouré de jeunes femmes. C’était en 1965. Une fin à la Antonioni.


PARCE QU’AVEC son 5ème long-métrage – et des vedettes américaines –, Antonioni franchit une étape majeure dans sa carrière.

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