Pourquoi regarder L’AMOUR EST UNE FÊTE de Cédric Anger ?

Parce que reconstitution historique fidèle et libre des années 1980, L’Amour est une fête montre un milieu du porno aux antipodes de la vision que l’on s’en fait aujourd’hui : affranchies, joyeuses et maîtresses d’elles-mêmes, les strip-teaseuses du film qui sont aux premières loges ne subissent aucune forme de violence, qu’elle soit physique ou psychologique. Un havre de paix où la vie n’est certes pas facile tous les jours, mais dans lequel le réalisateur Cédric Anger assoie sa vision d’une époque tout sauf glauque, à grands renforts de douceur.

Parce que huitième collaboration entre Gilles Lellouche et Guillaume Canet, L’Amour est une fête permet à ces deux acteurs iconiques du cinéma français de se retrouver dans un duo équilibré, où chacun gère une double vie de policier au civil et de co-dirigeants d’une boîte de strip-tease en infiltration. Dilemme moral au départ (être fidèle à la République française, ou à ses meneuses de revue ?), le film prend un tour inattendu en embrayant sur des fausses pistes, qui déjouent les conventions du thriller via un Lellouche impulsif mais affectueux à la fois, ainsi qu’un Canet tour-à-tour mélancolique et romantique.

Parce que sous ses airs de comédie, drame et film policier, L’Amour est une fête prend des allures de documentaire immersif dans le monde du porno. En dehors de la libération des mœurs post soixante-huitarde, ce sont les rouages d’une industrie méconnue que l’on aperçoit dans le film : production et tournage des “loops” (films destinés aux cabines des peep-shows), tournage à la hussarde d’un film porno sans avertir le propriétaire du lieu, sous-genre du film avec des femmes à ombrelles du début du vingtième siècle mâtiné de scènes libidineuses, soit un éventail le plus large possible transformé en hommage à un monde à la forme révolue.

Parce que s’il y a bien un visage familier qui transparaît dans L’Amour est une fête en dehors du duo Lellouche-Canet, c’est celui de Camille Razat, à ses débuts, avant le succès mondial de la série Netflix Emily in Paris. Déjà aperçue avec le duo d’acteurs dans le film Rock’n Roll que Guillaume Canet a lui-même réalisé, Camille Razat est cette fois-ci aux premières loges en tant que rôle féminin principal, dans une composition relativement inédite au regard de sa filmographie, puisque l’actrice n’a pas hésité à mouiller la chemise en incarnant une aspirante actrice du cinéma conventionnel qui dévie vers le strip-tease et les premiers rôles dans des films pornographiques. Un choix qui tranche et qui démontre ses capacités de jeu.


PARCE QUE L’Amour est une fête montre les derniers instants de grâce du milieu du porno en France, avant l’apparition du Sida.

Voir le film

Articles recommandés

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *