Pourquoi regarder LA TRAVERSEE DE PARIS de Claude Autant-Lara ?

Parce que c’est, plus de dix ans après les faits, une œuvre incroyablement cruelle et misanthrope sur le comportement des français, bien loin des cocoricos de la libération. Il faut dire qu’au scénario, comme à la réalisation, on à affaire à des rebelles.

Parce que Claude Autant-Lara, personnalité militante, à l’époque proche de la gauche syndicale, a tourné pendant la guerre de fausses bluettes mélancoliques dont Douce et Le mariage de chiffon avant de scandaliser tout le monde avec Le diable au corps (Gérard Philipe/Micheline Presle) et L’auberge rouge (Fernandel). Les scénaristes Aurenche et Bost adaptent une nouvelle de Marcel Aymé, tous sont des anticonformistes et des croqueurs de bourgeois.

Parce que La Traversée de Paris c’est six kilomètres, la nuit, en plein couvre-feu à balader dans la capitale des valises lestées de viande de cochon. Autant-Lara voulait Yves Montand et Bernard Blier, Aurenche intrigue pour avoir Gabin. Quant à Marcel Aymé, il ne veut pas entendre parler de Bourvil qui, à l’époque, n’est qu’un comique troupier. Finalement Gabin et Bourvil, tandem improbable, subliment deux personnages qui errent dans les décombres de l’histoire. Bourvil qui ne connaissait pas Gabin est liquéfié par le trac, mais tout ira bien.

Parce que le film est tourné en studio dans un noir et blanc magistral et funèbre, comme un conte en ombre chinoise. Le décorateur Max Douy livre là son chef d’œuvre. Quant à de Funès, il ne sait pas encore que sa carrière, jusque-là erratique, vient de décoller. Le film terminé, il manque une fin. Elle sera tournée plusieurs semaines après la fin officielle des prises de vues. À la gare de Lyon, ce sont des retrouvailles entre deux survivants. Lara n’aimait pas cette fin, elle est pourtant sublime de mélancolie. Et illustre quelque chose de la tragédie psychologique dans la lutte des classes. Gabin l’artiste salue avec distance Bourvil le manutentionnaire. Cela fait écho à la plus célèbre des répliques du film : « salauds de pauvres » !


PARCE QUE c’est le film référence sur le marché noir, durant l’Occupation.

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