C’est pendant que Tim Burton achevait le montage de Sleepy Hollow, sa troisième collaboration avec Johnny Depp, que le patron de la 20th Century-Fox, Richard Zanuck – fils de Darryl, fondateur du studio –, lui propose de tourner une nouvelle version de la Planète des singes, le roman d’anticipation du français Pierre Boulle que Franklin J. Schaffner avait déjà porté à l’écran en 1968, avec Charlton Heston.
Après de nombreuses hésitations, Burton accepta. Il précisera plus tard : « Ça a été le premier projet que j’abordais en sachant que c’était, non pas une erreur, mais très dangereux. » Grand admirateur du film de Schaffner, et fan de Charlton Heston, il préféra au mot « remake », celui de « réinvention », car, expliqua-t-il, « on ne peut pas refaire un film pareil ». Quoi qu’il en soit, le tournage commença le 6 novembre 2000 avec, dans le rôle de l’astronaute Leo Davidson, Mark Wahlberg, que Burton avait remarqué dans Boogie Nights, de Paul Thomas Anderson.
A ses côtés, dans le rôle de Ari, rebelle chimpanzé femelle opposée aux mauvais traitements réservés aux humains, Burton choisit l’Anglaise Helena Bonham Carter, que David Fincher venait de diriger en zonarde déboussolée, face à Edward Norton et à Brad Pitt, dans Fight Club. Après le tournage de la Planète des singes, elle deviendra sa compagne ainsi que son actrice fétiche qu’il dirigera, à nouveau et entre autres, dans Big Fish, Charlie et la Chocolaterie ou, encore, Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street.
L’idée de tourner un remake de la Planète des singes de Franklin J. Schaffner traînait à Hollywood depuis une petite dizaine d’années. Oliver Stone, James Cameron, Chris Colombus ainsi que quelques vedettes, dont Arnold Schwarzenegger, et plusieurs scénaristes avaient été approchés… avaient étudié la question… et s’étaient poliment défilés. Ce n’est qu’à la lecture de l’originale adaptation de William Broyles Jr. – déjà scénariste d’Apollo 13 de Ron Howard – que Burton finit par accepter la proposition. Mais, une fois le contrat signé, la Fox jugea le projet beaucoup trop dispendieux et fit appel à Lawrence Konner et Mark Rosenthal – coscénariste du Diamant du Nil notamment – pour tout réécrire, dans le but avoué de réduire considérablement les coûts.
Contrairement à Schaffner, Tim Burton voulut que ses singes ressemblassent davantage à des singes qu’à des humains. Souhaitant les voir sauter d’arbre en arbre et bouger comme des primates, il imposa à tous les comédiens-singes, deux à trois jours d’entraînement intensif par semaine. Une « école de singes » fut même créée à leur intention ! En revanche, et même si l’idée de créer ces singes en image de synthèse fut, un temps, envisagée, le cinéaste tenait à avoir de vrais acteurs, sous le maquillage. C’est le maquilleur multi-oscarisé Rick Baker qui conçut les masques simiesques, portés par des comédiens obligés de se lever entre deux et trois heures du matin, afin d’endurer six heures de maquillage, avant une longue journée de tournage. « Ça n’a pas été du gâteau », résuma un jour Burton.
Comme on le sait, Charlton Heston fait une brève apparition dans le film de Burton, qui avait une réelle admiration pour lui. Il lui confia le rôle du vieux chimpanzé qui sait que dans « les temps d’avant le temps » les singes étaient les esclaves des hommes. Pour le prouver à son fils, il lui fait briser un vase contenant un fusil, preuve de l’avance technologique des hommes. On se souvient qu’à cette époque celui qui avait été Moïse et Ben-Hur, était toujours – et pour deux ans encore – le président de la NRA, association dont le but est de promouvoir la détention et l’usage des armes à feu aux Etats-Unis ! En France, excepté le Monde qui parla d’un « Film magnifique », le nouveau Burton fit l’unanimité contre lui. Petit florilège : « Remake grotesque, brouillon et coûteux », Libération ; « Resucée cynique d’un vieux succès », les Inrocks ; « Scénario bâclé », le Nouvel observateur ; « Aventure modérément originale et faiblement captivante », le Canard enchaîné, dont le chroniqueur achevait son article – et du même coup le film – en parlant même de « déficience-fiction » !
Ecrit par Laurent BOURDON
PARCE QUE ce remake de Tim Burton a permis de relancer la franchise au début des années 2000.