Le pitch: Les années 1990. Une célèbre rock star espagnole parcourt l’Amérique latine pour renouer avec sa vocation. Il y rencontre un vieux musicien malchanceux, ce qui donne naissance à un duo improbable qui a toutes les chances de devenir un échec commercial épique.

Dans les années 1980 et 1990, Mauricio Aznar et son groupe Más Birras firent danser le public espagnol pendant des heures, lunettes sur le nez et toupet à la James Dean sur la tête. Le primo-réalisateur Javier Macipe a décidé, avec le film La Estrella Azul, de raconter une période très précise de la vie de ce chanteur aujourd’hui quelque peu oublié, même des mélomanes ibères : un voyage jusqu’en Argentine, qu’il fit à l’époque pour tenter de retrouver un sens à la musique et, par la même occasion, à sa vie. Il en résulte un long-métrage initiatique étonnant, à la belle simplicité.
La Estrella Azul raconte d’abord l’histoire d’un cheminement personnel, d’une reconnexion à soi et à son art. Lorsqu’il arrive en Argentine, Mauricio est un homme lessivé par les tournées, une perte d’inspiration, une relation complexe avec son frère et son addiction à l’héroïne. Il trouve refuge chez Don Carlos, vieux patriarche argentin et figure de la chacarera, un genre musical traditionnel. C’est cette rencontre, cette immersion de Mauricio dans la famille, la vie et la musique de Don Carlos, qui le fait peu à peu sortir de son mal-être. Très simplement bâti, le film de Javier Macipe s’attarde beaucoup sur les chants et les danses, s’appropriant pleinement le dicton qui veut que la musique adoucit les mœurs.

Mais là où le film devient plus intéressant encore, c’est dans sa dernière partie, lorsque se révèle peu à peu un dispositif méta à la lisière du documentaire. De même que Mauricio a bel et bien existé, la famille Carabajal l’a bel et bien accueilli chez elle, dans le nord de l’Argentine, pour lui faire découvrir la chacarera et panser ses plaies. Ce sont donc certains de ses membres qui jouent, dans le film, le rôle de leurs proches.
Javier Macipe a aussi la bonne idée de ne pas adopter un point de vue trop européano-centré sur cette histoire, qui est avant tout celle d’un échange. En arrivant en Argentine, Mauricio se rend compte qu’il ne connaît rien à cette ancienne colonie espagnole. Et que leur culture, leurs musiques et leurs traditions sont bien souvent regardées de haut par ses compatriotes, qui ne viennent en Amérique latine que pour jouer les touristes. Par petites touches, La Estrella Azul dessine aussi une certaine histoire de l’Espagne, qui gagnerait à s’ouvrir sur un monde à la fois proche et lointain.
Parce que ce beau film musical raconte l’histoire d’un rockeur sur le retour en se plaçant à mi-chemin entre fiction et documentaire.


