Sylvain Angiboust Tiens, et si on s’offrait de bonnes petites vacances dépaysantes, loin des itinéraires attendus du style Lisbonne, New York, Ibiza ou Montluçon ? Et si on essayait la Bolivie ? Ben oui, c’est exotique, c’est très vert, les gens ont l’air sympa : en fait c’est comme la Colombie mais sans Shakira, donc y a pas à hésiter…
Ce point de départ, vaguement romancé je vous l’accorde, est celui du long-métrage de Greg McLean. Il se base sur des faits réels, survenus au début des années 80 dans la partie amazonienne de la Colombie, cette jungle que certains qualifient aussi d’enfer vert. Trois amis un tout petit peu inconscients décident de suivre un guide relativement approximatif pour découvrir la nature profonde de la vaste forêt. Côté découverte, le trio sera servi : entre environnement hostile, faim, soif, blessures, disputes, hallucinations, moustiques, j’en passe et de biens pires !
C’est Daniel Radcliffe qui mène cette équipée sauvage éprouvante, tournée elle aussi dans des conditions dantesques, en Australie et en Colombie, mais sans Shakira…
La nature sauvage, indomptée, inaccessible, dangereuse et fascinante à la fois a toujours été un formidable décor de cinéma. Les cinéastes à travers les époques aiment y plonger leurs héros, les confrontant à ce qui les dépasse pour mieux les éprouver et parfois les révéler. King Kong, Apocalypse Now, Délivrance, Aguirre, la colère de Dieu, La forêt d’émeraude, Greystoke, la légende de Tarzan, Fitzcarraldo, À la poursuite du diamant vert, Jurassic Park, Predator. Drame, comédie, action, suspens, horreur ou film de guerre : peu importe le genre, seule compte l’impression de vulnérabilité de nous autres petits humains face au gigantisme des éléments…
Récemment, la version 2017 de Jumanji avec Dwayne Johnson, Kevin Hart et Jack Black ou The Lost City of Z de James Gray avec Charlie Hunnam et Robert Pattinson en sont aussi des illustrations convaincantes. Robert Pattinson qui me permet de faire le lien avec Jungle, via Daniel Radcliffe. Eh oui, voici deux beaux gabarits de comédiens britanniques, passés chacun par des sagas hollywoodiennes qui auraient pu les broyer, alors qu’elles leur ont au contraire donné la liberté de l’aventure. Un peu comme la jungle finalement… Twilight et Harry Potter sont en effet de ces épopées cinématographiques dont un esprit faible peut sortir perverti : célébrité, argent, succès, médias et buffet à volonté, nous connaissons tous les noms de ces stars passées par les pertes et profits d’un système qui semble les créer pour mieux les détruire. Mais Robert et Daniel que nenni !
Après en avoir terminé avec leurs bazars de vampires et de sorciers, les deux comédiens enchaînent avec des productions franchement plus indépendantes. Leur public de base ne les a sans doute pas toutes vues mais un autre a pris la place et surtout, des réalisateurs plus intéressants les ont, eux, remarqués. Pattinson tourne avec Cronenberg, Herzog ou Claire Denis et Radcliffe s’investi beaucoup au théâtre à Broadway…
PARCE QUE Daniel Radcliffe a vraiment bien changé depuis Harry Potter.
