Pourquoi regarder I’M NOT THERE de Todd Haynes ?

Qui est vraiment Bob Dylan ? La question n’est pas si anodine que ça. Les diverses périodes musicales et les virages pris par la légende du folk américain empêchent une réponse précise. Todd Haynes a pris le taureau par les cornes pour I’m not there et décidé que puisque Dylan était multiple, il en serait de même à l’écran.

Son film tient plus de l’évocation que du biopic, en proposant six incarnations possible de la personnalité du chanteur : un acteur, un chanteur de folk, un troubadour, Billy le Kid, Woody Guthrie et Arthur Rimbaud. Chacun étant un morceau du puzzle. Qui dépasse le cadre même de Dylan en étant aussi le portrait de la culture américaine des années 60 à 80.

I’m not there fait autant référence à la vie du chanteur qu’aux mouvements littéraires, cinématographiques, sociaux qui ont marqué le pays durant deux décennies. Et si certains étaient désarçonnés par ce film audacieux, Haynes leur a offert son mode d’emploi. Il précise lors de la sortie du film dans une interview au quotidien The Oregonian : « Ça fonctionne comme un trip : il y a une narration, des allusions précises à Dylan ou à l’époque, mais le tout ne doit servir qu’à un voyage émotionnel comme viscéral accompli au long du film, dans la même idée que certains films des années 60 comme 2001, qu’on ne comprend pas forcément au premier abord, mais qui n’en finissent jamais de mûrir dans sa tête. »

Todd Haynes est un cinéaste fasciné par la musique : Superstar, son premier film, toujours inédit à ce jour était un biopic de Karen Carpenter, la chanteuse du groupe pop-folk The Carpenters, où les personnages étaient joués par des poupées Barbie. En 1998, il racontera l’histoire du glam-rock avec Velvet goldmine, donnant sa version fantasque du parcours de T-Rex ou de David Bowie. Ce dernier désapprouvera ce projet en ne donnant pas son accord pour l’utilisation de ses chanson, Haynes proposera du coup à des groupes contemporains d’enregistrer des reprises de tubes de l’époque.

Sur I’m not there, il estimait en revanche fondamental d’avoir l’approbation de Dylan et la possibilité d’utiliser sa musique. Sans qu’il n’aie jamais rencontré le chanteur, celui-ci lui donna feu vert sans problème. C’est du côté de Paramount que ça tiquera : en 2005, la nouvelle équipe de management du studio ne croit pas au projet, malgré la présence de stars comme Richard Gere, Christian Bale ou Colin Farrell – qui sera finalement remplacé par Heath Ledger – au générique.

Dylan sauvera le film par procuration : l’année suivante, James D.Stern, le patron d’une petite société de production (Endgame entertainment), topera avec Haynes, autant par intérêt pour le film que parce qu’il est l’un des plus grands fans de Dylan…


PARCE QUE Bob Dylan y est incarné par 6 acteurs différents (dont une femme).

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