Pourquoi regarder GUY d’Alex Lutz ?

Imaginez que Michel Sardou, Michel Delpech, Herbert Leonard, Julien Clerc, Frank Michaël, Guy Mardel ou alors un peu de chacun d’entre eux mais réuni en un seul et même personnage, acceptent de répondre à une interview vérité. Qu’ils se livrent dans une longue confession face caméra, entraînant le journaliste dans leur vie quotidienne, maintenant que le sommet de leur carrière est derrière eux.

Voilà le propos de Guy, le deuxième long métrage d’Alex Lutz, réalisateur, qui s’est aussi glissé dans la peau de ce chanteur composite. Pour des raisons personnelles, un journaliste vient le sortir de la tanière où les médias l’ont laissé, maintenant qu’il n’est plus en haut de l’affiche. Mais, du succès, Guy en a encore en tournée et dans sa vie.

À 74 ans, il a bien sûr des regrets mais il a tout de même bien vécu, beaucoup aimé et été aimé. C’est donc le moment idéal de revenir sur son parcours. Avec la sagesse de la vieillesse, de l’expérience et d’un vedettariat définitivement passé.

Le principe du film est simple. Il s’agit d’un faux documentaire mené par un journaliste qu’on ne verra jamais mais auquel s’adresse, dans une longue confession, un chanteur à succès vieillissant, aigri et sans langue de bois. A en croire Alex Lutz qui l’a imaginé, le sujet lui en a été inspiré par sa propre expérience, son rapport au temps et au sens de la vie. Beaucoup moins que par Cookie Dingler, gloire des années 80 avec son tube Femme libérée, et par ailleurs, père de Tom, le meilleur ami de Lutz et l’interprète du fameux journaliste du film.

Plus intimiste que Le talent de mes amis, son premier film, Guy est un énorme coup de projecteur sur le talent de l’acteur Alex Lutz. Présent dans la plupart des plans, il parvient à offrir une palette remarquable d’expressions qui vont du jeune amoureux en pleine gloire au chanteur amer, désabusé, ringard mais lucide à la fois avec son personnage et son succès. Il devient plus intelligent que celui qui l’interroge et domine d’un charisme non revendiqué cette situation de l’interview-vérité. Alex Lutz précise qu’il a écrit le scénario ainsi, en menant des interviews avec ses coscénaristes – Thibault Segouin et Anaïs Deban –, qui sont même allés jusqu’à écrire la biographie du faux chanteur Guy Jamet !

Cet art de la perfection se retrouve à tous les postes du film : dans le maquillage, qui nécessitait 4 à 5 heures par jour, dans le grain de la pellicule qui varie selon les époques, dans le choix de ses partenaires, toutes excellentes : Pascale Arbillot, Elodie Bouchez, la chanteuse Dany, Nicole Calfan ou Brigitte Roüan… et bien sûr dans la composition de ses chansons. Toutes ont été écrites à la manière de Guy Jamet (certaines sont entêtantes !) avec le groupe Joad de Vincent Blanchard et Romain Greffe dans un savant mélange de hits et de face B. Comme celle-ci, sa préférée : « C’est notre chanson, mon cœur, qui nous remplit de bonheur et tu chantes, je chante Dadoudidouda… et mon amour reste à toi ».

Ecrit par Véronique LE BRIS


PARCE QUE le talent incomparable de l’acteur Alex Lutz, brillant interprète d’un chanteur de variété désabusé autrefois populaire, est aujourd’hui dépassé.

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