Pourquoi regarder DOULEUR ET GLOIRE de Pedro Almodóvar ?

Le film que vous allez regarder est un film de Pedro Almodóvar. Il ressemble aussi à un film qui raconterait Pedro Almodóvar et dans lequel Antonio Banderas incarnerait Pedro Almodóvar, ressentirait les passions et les maux de Pedro Almodóvar. Mais attention, selon Pedro Almodóvar, Douleur et gloire n’est pas un film sur Pedro Almodóvar !

Difficile pourtant de ne pas faire le parallèle et de ne pas apercevoir l’ombre du cinéaste dans ce portrait d’un réalisateur sexagénaire, rattrapé par le temps qui passe, la nostalgie de l’enfance et ses premières pulsions érotiques, confronté aussi à son œuvre et une possible perte d’inspiration.

On a beaucoup dit que ce 21e long métrage de l’enfant terrible de la Movida espagnole était son plus personnel et on avait raison. Débarrassé de tout artifice esthétisant mais merveilleusement mis en scène, il aborde intimement et parfois crûment les tourments de l’âme et du cœur d’un de nos cinéastes contemporains les plus importants et emblématiques…

Douleur et gloire restera comme l’un des grands succès de Pedro Almodóvar en Espagne. Sans doute parce que le réalisateur s’y livre comme rarement, montrant combien son existence est fidèle à celle des soubresauts d’une culture populaire espagnole en constant mouvement… À l’affiche du film, on retrouve pour la 8e fois Antonio Banderas, une des muses du cinéaste, un acteur qui l’accompagne depuis 1982 et Le labyrinthe des sentiments

Banderas, espoir du football remisé sur le banc de touche à cause d’une méchante fracture, a fait ses armes au théâtre avant de se tourner vers les caméras. Almodóvar fera de lui la star masculine du renouveau du 7e art ibérique, figure iconique quasi érotique, macho suprême désiré jusqu’aux Etats-Unis où Madonna en personne se dira prête à toute pour le mettre dans son lit lors d’une scène mémorable de son documentaire In bed with Madonna ! Matador, La loi du désir, Femmes au bord de la crise de nerf et Attache-moi imposent le comédien en Europe et lui donnent aussi une dimension internationale… Antonio Banderas fini par être courtisé aussi par Hollywood : dans les années 90 et 2000, il tourne des films ambitieux comme Philadelphia ou Entretien avec un vampire avec Tom Hanks et Brad Pitt, puis dans des séries B comme Desperado de Robert Rodriguez ou Assassins de Richard Donner. On le verra aussi donner la réplique et le chant à Madonna (tiens, tiens) dans la comédie musicale Evita, avant qu’il ne disparaisse sous le masque de Zorro.

Banderas mène alors une carrière un peu facile au générique de films comme Spy kids ou Le tombeau, prête sa voix aux Chat Botté dans Shrek avant, au début des années 2000, de retrouver une certaine exigence chez Woody Allen avec Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, Or noir de Jean-Jacques Annaud et donc avec Pedro Almodóvar dans La piel que habito, Les amants passagers puis Douleur et gloire qui lui vaudra un prix d’interprétation mérité au Festival de Cannes 2019…


PARCE QUE le cinéaste espagnol abandonne certains de ses gimmicks pour se concentrer sur l’essentiel : un récit fort qui n’exclue cependant pas son esthétique si reconnaissable…

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