Jacques Levy Rien n’inspire plus Lars Von Trier que son goût du défi et son besoin de n’en faire qu’à sa tête. Dogville, situé dans une bourgade imaginaire des Rocheuses, est né de la volonté du réalisateur danois de continuer à faire des films sur les Etats-Unis même s’il n’y avait jamais mis les pieds. Après Dancer in the Dark, des journalistes américains avaient en effet émis cette critique et Dogville lui a été en partie inspiré en réaction à ce reproche.
Décors minimalistes disposés sur un gigantesque plateau, marquage des lieux inscrit au sol… Par sa dimension théâtrale, sa stylisation, Dogville ne manque pas de surprendre. Lars Von Trier assume pleinement son choix de mise en scène : ce n’est pas de l’anti-cinéma ! Il reconnaît qu’il s’est inspiré du travail du dramaturge Bertolt Brecht. Pour le cinéaste, ce côté ultra-dépouillé permet au spectateur d’imaginer l’espace en toute liberté et surtout de se concentrer pleinement sur les personnages
Parabole sur le pouvoir et la misère morale, Dogville brosse un tableau de la condition humaine particulièrement cruel. A travers l’étude sans concession du comportement d’une petite communauté face à une étrangère, le scénario pose la question du vivre ensemble et nous amène à réfléchir sur la responsabilité individuelle et la lâcheté collective, le souci de faire le bien et la volonté de puissance.
Aux côtés de Nicole Kidman, Chloë Sevigny et Paul Bettany, Lars Von Trier a fait appel à deux immenses stars du cinéma classique. L’iconique Lauren Bacall, indissociable de son partenaire Humphrey Bogart comme de l’âge d’or du film noir hollywoodien, campe ici Ma Ginger tandis que Harriet Andersson, actrice fétiche d’Ingmar Bergman, interprète Gloria.
PARCE QU’APRÈS avoir dirigé Björk dans Dancer in the Dark, Lars Von Trier a écrit ce film en pensant à Nicole Kidman, qu’il a convaincu de participer à cette aventure à l’esthétique radicalement différente.
