Pourquoi regarder CEUX QUI RESTENT d’Anne Le Ny ?

Avec Ceux qui restent, Anne Le Ny se lance pour la première fois dans la réalisation. Actrice au cinéma (notamment pour Pascal Thomas et Pierre Jolivet), à la télévision et au théâtre depuis la fin des années 90, Anne Le Ny commence à écrire des textes de commande, qu’elle décrit comme « amusants mais pas très sérieux » avant de s’essayer au scénario de long-métrage. Cet essai sera réussi puisqu’il donnera donc Ceux qui restent, nominé au César du meilleur premier film en 2008.

Pour le rôle principal de Bertrand, dont on suit toujours le point de vue, Anne Le Ny a tout de suite pensé à Vincent Lindon, qu’elle considère comme un acteur avant tout physique. Pour le rôle de Lorraine, le choix d’Emmanuelle Devos n’a pas été une évidence et l’actrice, pourtant déjà une star (récompensée du César de la meilleure actrice pour Sur mes lèvres de Jacques Audiard en 2002) a même passé des essais pour convaincre la réalisatrice (cette dernière dit avoir passé le tournage à s’en excuser !).

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les influences de la réalisatrice sont à chercher du côté du cinéma classique. Pour décrire son personnage masculin principal, Anne Le Ny convoque ainsi la figure de John Wayne : viril et un peu ours, surtout honnête et sur qui l’on peut toujours compter. Pour le sujet du film et son traitement, c’est au cinéaste britannique David Lean et à son film de 1945 Brève Rencontre, qu’a pensé la cinéaste.

Pour autant, elle n’a pas choisi, au contraire de David Lean, d’amener le film vers le genre mélodramatique. Au contraire, tout est fait pour éviter au maximum les larmes et le pathos, malgré la gravité du sujet. Sur le tournage, le mot d’ordre de la réalisatrice était : pas de larmes ! Ce choix audacieux est visible à tous les niveaux. Le récit nous épargne ainsi notamment la scène tire-larme de l’annonce de la mauvaise nouvelle et la vision déchirante des proches malades ou morts. Pour lutter contre tout effet de dramatisation, les lumières ne sont que très peu travaillées et l’atmosphère est avant tout réaliste. Au contraire, les bruits sont faits pour caractériser les personnages (les talons qui claquent de Lorraine) et faire ressentir leur point de vue (en particulier celui de Bertrand, en apnée dans le couloir trop silencieux de la chambre de sa femme).


PARCE QUE tout en abordant un sujet grave, Ceux qui restent ne tombe jamais dans le pathos et évite soigneusement le mélodrame.

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