Question du jour : que savez-vous des bodybuilders ? Je parle effectivement de ces montagnes de muscles, le corps huilé, tanné, la taille sertie d’un petit slip cachant ce que la décence m’interdit de décrire ici… Hommes ou femmes, ces athlètes très spéciaux semblent tout droit sortis d’un recueil d’images représentant l’idée que l’on peut se faire des divinités grecques ou romaines.
Le film de Roschdy Zem qui va suivre vous propose de vous faire une autre idée du bodybuilder. L’histoire est celle de Vincent, adepte de la gonflette qui, la cinquantaine venue, s’aperçoit que le moins développé de ses muscles est le cœur. Père et mari absent, il va devoir faire face au retour dans sa vie d’Antoine, son fils cadet, empêtré dans des ennuis d’argent…
Comment renouer les liens ? Comment effacer la passé ? Et quelle musique choisir pour le prochain concours national de bodybuilding qui se profile au calendrier ? Autant de questions qui nous renvoient à celle par laquelle nous commencions et dont les réponses, se trouvent dans le formidable film qui suit…
Les trois premiers films de metteur en scène du comédien Roschdy Zem n’ont apparemment rien en commun. Mauvaise foi en 2006 avec lui-même, Cécile de France et Pascal Elbé était une fable romantique sur l’amour malgré les différences religieuses. Omar m’a tué en 2011 avec Sami Bouajila revenait sur la calvaire judiciaire et humain d’Omar Raddad, jardinier accusé du meurtre de son employeuse sur la Côte d’Azur. Bodybuilder que vous venez de regarder est un thriller familial où la culpabilité et le besoin de pardon jouent les premiers rôles. Un lien assez clair apparaît cependant : celui de la famille et de la façon, parfois violente, dont les événements peuvent la menacer.
Le parcours de Roschdy Zem est assez remarquable, tant devant que derrière la caméra. Loin de surfer sur le créneau du comédien d’origine immigrée mais tout en assumant ses racines marocaines, le jeune acteur s’illustre rapidement chez des cinéastes aussi divers qu’André Téchiné, (J’embrasse pas puis Ma saison préférée), Laetitia Masson, (En avoir ou pas), Patrice Chéreau, (Ceux qui m’aimeront prendront le train) ou Pierre Jolivet, (Ma petite entreprise). Mais, jouer n’est vite plus assez suffisant pour calmer l’appétit de cet artiste multiple et doué. Si le cinéma en tant que comédien continue de la combler avec des succès artistiques autant que populaires comme Indigènes de Rachid Bouchareb, 36 quai des orfèvres d’Olivier Marchal ou A bout portant de Fred Cavayé, Roschdy Zem se lance dans la mise en scène avec passion et acharnement. Un peu finalement comme le travail que doivent accomplir les culturistes qui servent de personnages de fond à Bodybuilder…
Et tant pis finalement si le succès n’a, cette fois, pas vraiment été au rendez-vous. Le comédien-réalisateur était déjà au moment de la sortie du film, lancé dans un autre projet ambitieux : l’adaptation de la vie dramatique du clown Chocolat, star oubliée du 19e siècle, dont le rôle principal est tenu par Omar Sy…
PARCE QUE Roschdy Zem muscle ses talents de réalisateur pour dresser le portrait d’un culturiste gonflé à bloc.