Le pitch: neuf mois après le viol et le meurtre de sa fille, Mildred Hayes décide de réagir car la police n’a obtenu aucun résultat. Elle inscrit sur trois panneaux publicitaires. Lorsque Dixon, l’officier en chef s’implique dans la dispute, la lutte entre Mildred et les forces de l’ordre de la petite ville d’Ebbing dans le Missouri prend un virage dangereux.

La vengeance ne règle rien. Cette évidence parfois oubliée est magnifiquement démontrée par 3 Billboards. Quand une mère de famille (Frances McDormand, absolument impériale) affiche sur des panneaux publicitaires une injonction à arrêter l’assassin et violeur de sa fille, c’est tout un engrenage infernal qui s’enclenche. Dès le début, on comprend que rien ne sera vraiment solutionné malgré cette demande légitime. Et le cinéaste Martin McDonagh (à qui l’on doit aussi les excellents Bons Baisers de Bruges et Les Banshees d’Inisherin) le met magnifiquement en scène.
En effet, 3 Billboards ne tombe pas dans la démonstration lénifiante. Chaque personnage, parfois (souvent) à côté de ses pompes, joue pourtant sa partition. Il convient de ne pas condamner trop vite un flic qui aurait mal fait son travail, ou une mère désemparée qui déséquilibrerait une communauté. Chaque personnage a, dans son arc narratif, droit à sa rédemption.

Le film fait la bascule permanente entre ironie, tragédie et parfois comédie. Avec ce savant mélange, le réalisateur parvient à rendre son discours d’autant plus audible. A ce titre, l’une des grandes forces du film sont ses dialogues. Des lettres laissées, des commentaires à la télé, des face à face musclés, le film ne manque pas de situation. Tout est jeu de mensonges, de non-dits, de petits arrangements avec la loi et la morale.
En réalité, 3 Billboards montre comment se désagrège une communauté (et par extension, une société) quand les superstructures ne savent plus faire leur job (ici, la police). C’est la loi du plus fort qui prime. Et donc la loi du plus con. 3 Billboards, c’est une sorte d’avertissement à l’Amérique qu’elle n’est jamais loin de retomber à l’ère du Far West. Et personne n’en sort gagnant.
PARCE QUE derrière cette histoire de justice non-rendue se dessine un avertissement contre la loi du plus fort.
