Le pitch: Une tempête solaire frappe la Terre, provoquant une panne générale de toute technologie sur la planète. Dans cette nouvelle réalité, des individus luttent pour s’adapter à un monde sans électricité, sans télécommunications et sans moyens de transport. Confrontés à leurs besoins les plus essentiels, à leurs instincts et à leurs peurs, ils doivent apprendre comment survivre.

Une apocalypse technologique sans précédent, une tension paroxystique et un casting de cinéastes cinq étoiles : que demandez de plus ? I
Imaginez un peu : en l’espace de quelques secondes, tout l’éventail de technologie numérique dont notre société est, hélas, dramatiquement dépendante (satellites, téléphones portables, réseaux électriques) est brutalement désactivé. Voilà le postulat de la série espagnole Offworld, créée par Fran Araújo. Alors que les fonctionnaires d’un ministère espagnol sont déjà sur le branle-bas de combat suite au déraillement d’un train, une nouvelle menace, plus insidieuse et dévastatrice encore, se profile : celle d’une tempête solaire aux proportions inédites, susceptibles de balayer d’un revers de main toute trace de modernité sur la surface de la Terre. Qu’adviendrait-il alors de l’Humanité, brutalement ramenée un siècle en arrière ? Pourrions-nous seulement survivre à pareille catastrophe ?

Adapté du podcast narratif El Gran Apagón (“La Grande Panne” en français), la série en reprend la structure narrative : en une poignée d’épisodes, chacun centré sur un ou plusieurs personnages distincts, Offworld propose d’ausculter, avec un sens du réalisme confondant, les comportements humains et sociaux face au pire désastre qu’il nous soit donné de voir. En premier lieu, il faut relever la dimension puissamment anxiogène de la série, en cela qu’elle met en scène une situation que nous avons déjà, toutes et tous, fantasmée et redoutée. Ici, point de déluge ou de feu sacré ; pas de retour du Christ ou de Jugement Dernier. Pour vivre l’Apocalypse, la vraie, celle qui ne laisse rien ni personne debout, il suffit simplement de débrancher la prise…
Dès le premier épisode, baptisé Le déni et né des deux esprits géniaux déjà à l’oeuvre derrière El Reino, Madre ou plus récemment As Bestas (la scénariste Isabel Peña et le réalisateur Rodrigo Sorogoyen), la série reprend avec brio les codes du film catastrophe hollywoodien. Pendant quarante-cinq interminables minutes, la catastrophe à venir est soigneusement annoncée et expliquée, sans que personne ne puisse rien faire pour nous en prémunir. À l’impuissance terrible des pouvoirs publics s’ajoute bientôt l’égoïsme et l’irrationnalité propre à l’être humain quand la panique le gagne. À titre d’exemple, relevons cette scène où Ernesto, personnage principal de cet épisode, s’extrait d’un embouteillage et emprunte un sens interdit, manquant de peu de provoquer un accident. Lorsque l’Homme est livré à lui-même, sans aucune barrière sociale ou légale, le maintien de l’ordre et de la bienveillance collective est voué à l’échec.

Cette transgression anodine renferme toute la clef de la série. Ce maillage complexe et infinie de technologie numérique qui structure notre monde n’est pas juste un outil duquel il est devenu impossible de se passer. Dans Offworld, la technologie nous apparaît comme la dernière et seule véritable frontière entre le calme et le chaos. Entre l’empathie et la loi du Talion. Entre la civilisation et la barbarie. Entre la vie et la mort.
Parce que chaque épisode, en plus d’être réalisé par un cinéaste espagnol reconnu, décrit les différentes facettes d’une dystopie de façon si édifiante qu’elle en paraît réelle.
