LE VIEUX FUSIL, quand Philippe rencontre Romy

Pas si vieille que ça la pétoire…

C’est le vendredi 22 août 1975 que sortit sur les écrans français le Vieux fusil de Robert Enrico, le deuxième des trois films qu’il tourna avec Philippe Noiret – après le Secret et avant Pile ou face– et le seul qu’il tourna avec Romy Schneider. Il en avait écrit le scénario avec Pascal Jardin et Claude Veillot.

Le pitch
Tout commence en 1944 dans le Tarn-et-Garonne. Julien Dandieu est chirurgien à l’hôpital de Montauban où il soigne tout un chacun, communistes et résistants compris, ce qui attire sur lui et sur sa famille de sérieuses menaces, proférées par une armée allemande sachant proche la défaite et donc prête à tout. Ainsi décide-t-il d’envoyer sa femme et sa fille à l’abri d’une imposante et vieille bâtisse lui appartenant dans un petit village situé à quelques kilomètres de Montauban. Et pourtant, c’est là, dans ce havre de paix et de tranquillité, que la barbarie nazie les rattrapera. Devenu fou de colère à la découverte du drame, le calme chirurgien va retrouver un vieux fusil et se venger…

Romy Schneider et Philippe Noiret: une relation qui commence mal…
Presque trois millions et demi de spectateurs accompagnèrent la vengeance de Philippe Noiret en 1975, sans se douter que ce film avait bien failli ne jamais se faire ! D’une part, à la lecture du scénario, Noiret se sentit si éloigné du personnage qu’il ne finit par l’accepter que sur l’insistance de sa femme, la comédienne Monique Chaumette, certaine que le rôle était pour lui et que le film allait être un succès. D’autre part, invité à dîner chez Robert Enrico pour faire connaissance avec Romy Schneider, Noiret s’y rendit en compagnie de sa femme. Les minutes et les heures passent, et Romy n’arrive pas ! Noiret se met en colère et, lorsque sur les coups de 23 heures, la jeune femme fait, enfin, son entrée, il se lève et lance un tonitruant : « Alors l’Autrichienne… On commençait à se languir de vous. Viens Monique on rentre. »

Ce n’est pas tout. Au matin du premier jour de tournage, alors que Noiret est prêt dès 8h pour la fameuse scène de la rencontre et du coup de foudre, Romy n’est pas là. Noiret, impatient, marche de long en large boulevard Montparnasse, éructant quelques grossièretés à l’endroit de celle qui, débarquant enfin aux alentours de 11h30, s’enferme dans sa loge, refusant d’en sortir. En désespoir de cause, on demande à Noiret d’aller lui parler. Dans la loge, bouleversé et sous le charme, il lui dit simplement : « Viens ma grande, ça va bien se passer ». Le tournage, en effet, se déroula sans encombre, les deux stars se retrouvant même, un an plus tard, à l’affiche d’Une femme à sa fenêtre de Pierre Granier-Deferre. De même, juste après le Vieux fusil, Noiret et Enrico se retrouvèrent, en compagnie de Catherine Deneuve, dans Coup de foudre, une comédie sentimentale dont le tournage, faute d’argent, fut définitivement interrompu au bout d’une semaine !

Une presse mitigée pour un succès public incontestable.
Si le Vieux fusil fut un grand succès public, marquant même un tournant dans la carrière de Philippe Noiret, la presse ne fut pas exagérément chaleureuse. Excepté Henry Rabine qui, dans la Croix, affirma : « C’est le meilleur film de ce début de saison et ce sera probablement l’un des meilleurs de la saison tout entière », le reste de la critique jugea assez « peu crédible » la vengeance de cet homme « seul et un peu lourd », venant à bout d’une colonne de SS, portraiturés tels les « méchants du Grand-Guignol », écrira Michel Pérez dans le Quotidien. D’autres eurent une vision plus politique du film, tel Jean-Pierre Oudart qui, dans les Cahiers du cinéma, écrivit : « On dira avec raison [que le Vieux fusil] s’inscrit dans la perspective giscardienne de redorer le blason de la bourgeoisie française. » Fin de citation !

Laurent Bourdon

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