Pourquoi regarder LA VOIE ROYALE de Frédéric Mermoud ?

Troisième long-métrage de Frédéric Mermoud, après Complices et Moka, La Voie Royale permet de retrouver dans le rôle principal l’actrice Suzanne Jouannet, qu’on avait déjà vu dans le film Les Choses Humaines. Suisse de nationalité, le réalisateur s’est penché sur une tradition de l’enseignement supérieur à la française unique au monde, la formation des élèves des grandes écoles via les classes préparatoires. Discours autour de l’élite de la nation, professeurs à la fois agressifs et plus impliqués auprès de leurs classes qu’ailleurs, bizutage, tout ce qui fait le sel de ces structures à part se rencontre sans clichés dans La Voie Royale, donnant ainsi l’occasion de montrer l’envers du décor de ces formations, peu filmées jusqu’à présent.

Plus ancré dans le réalisme que dans le fantasme, La Voie Royale colle d’autant plus aux prépas aux concours d’entrée de l’école polytechnique ou encore de l’école des mines que les exercices mathématiques et les démonstrations du film sont authentiques, des énoncés des problèmes aux solutions amorcées par les élèves qu’incarnent les acteurs. Une immersion forte qui témoigne du travail documentaire effectué par Frédéric Mermoud, faisant de La Voie Royale une fiction troublante de justesse, perpétuant la forme du récit d’apprentissage que le réalisateur avait déjà traitée via ses court-métrages.

Si la dureté des années charnières avant les grandes écoles saute d’autant plus aux yeux, c’est grâce au personnage joué par Suzanne Jouannet, Sophie Vasseur, qui débarque d’un univers complètement différent (celui des campagnes françaises) dans un environnement hostile et stressant. Première de la classe, dotée de facilités en mathématiques, Sophie est confrontée à un double défi : celui de comprendre les codes sociaux d’un monde nouveau pour elle, et celui plus dur quelque part pour son ego, être douée parmi les doués, ce qui la contraint à redoubler d’efforts pour ne pas stagner en queue de peloton dans la course aux grandes écoles.

Cette pression que catalyse le personnage principal se déploie çà et là dans La Voie Royale sur tous les élèves, à des niveaux divers : du craquage mental menant à l’abandon pur et simple au sursaut sur son avenir, c’est tout le fonctionnement d’un système archaïque reproduisant les inégalités sociales qui est interrogé dans le film. Consommation excessive d’alcool, brimades intempestives et professeurs sévères en rajoutent une couche sur ces classes préparatoires de plus en plus boudées par les bons élèves en France, ce qu’on saisit d’autant plus aisément devant La Voie Royale. Le film propose néanmoins une lueur d’espoir concrète : si la reproduction des élites a encore de beaux jours devant elle, les futurs élèves des grandes écoles semblent bien décider à changer le cours des choses.


PARCE QUE le film montre l’envers du décor de la formation des élites françaises, un univers forcément mystérieux, source de bien des fantasmes.

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