FILS DE PLOUC, entretien avec les réalisateurs.

A l’occasion de la projection du film au festival de Sundance en 2021, Cineuropa a rencontré les réalisateurs de Fils de plouc. Ci-dessous, la retranscription de cette interview, réalisée par Aurore Engelen.

Le film sera disponible le 01 octobre sur FILMO.

Rencontre avec Harpo et Lenny Guit, que d’aucuns auront vite fait de surnommer les sales gosses du cinéma belge, à défaut de les désigner comme “les autres frères”. Ils viennent de signer Fils de Plouc, premier long métrage tourné en “production légère”, dans le cadre d’un appel à projet à petits budgets du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles, un buddy movie sérieusement déjanté et volontiers provocateur, sur la quête mouvementée de deux frères résolument tarés qui cherchent leur chien dans une Bruxelles un peu crasseuse mais résolument haute en couleur. Le film fait partie de l’audacieuse section Midnight du Festival de Sundance.

Cineuropa : Pouvez-vous revenir rapidement sur votre parcours ?

Lenny Guit : Je suis entré à l’IAD pour faire du montage quand j’ai eu 18 ans, et Harpo m’a rejoint à Bruxelles où il est entré au Conservatoire en théâtre. Nous faisions déjà des petits films adolescents, dont certains ont été sélectionnés en festival. Nous avons alors commencé à écrire notre premier long métrage, nous avons déposé une demande d’aide quand nous avons vu l’appel à projets en production légère, et tout s’est enchaîné…

Harpo Guit : Nous avions essayé de financer le film autrement, nous étions prêts à le faire avec zéro euro, du coup l’opportunité était trop belle.

Qu’est-ce qui a nourri cette envie de cinéma à l’origine ?

H.G. : Notre père est réalisateur, et nous montre des films depuis notre plus tendre enfance, c’est comme ça qu’est née notre cinéphilie.

L.G. : On adore voir des films, toujours plus, c’est une vraie gourmandise, de tous les genres, de toutes les époques. Une cinéphilie sans snobisme transmise par notre père. On a gardé cette curiosité.

C’était une évidence pour vous d’écrire une histoire de frères pour ce premier film ?

L.G. : On voulait faire un buddy movie à la base, suivre deux personnages, obligés de passer tout leur temps ensemble, mais qui se détestent. Deux personnages qui sont à ce point liés qu’ils ne peuvent pas se quitter. Donc deux frères, c’était une évidence.

Comment définiriez-vous votre cinéma ? A première vue, on pourrait parler d’un croisement entre un cinéma guerilla, commando, et un cinéma un peu bricolé, home-made ?

H.G. : C’est un peu tout ça. On a vraiment appris avec rien, on devait trouver des idées marrantes et astucieuses. On retrouve clairement cet ADN dans le long, d’autant que s’il était financé, le budget était quand même limité.

L.G. : C’est aussi une esthétique qui nous plait beaucoup. Les contraintes nous ont permis de développer un style qu’au final on aime bien.

Il y a ce côté très ludique dans la réalisation. Quels étaient vos univers de référence ?

H.G. : On admire énormément le cinéma italien des années 60/70, les comédies américaines, mais aussi les BD et les mangas.

L.G. : On essaye de piocher des idées un peu partout, et de nous appuyer sur ces références. Par exemple, on aime beaucoup After Hours de Scorsese, ce personnage auquel il arrive plein d’aventures sur une période restreinte, le temps d’une nuit. On adore aussi Beavis & Butthead, ce dessin animé américain autour de deux ados débiles qui se font voler leur télé.

Le point commun entre tout ça, mais aussi John Waters ou Jackass, que l’on a cités à propos de Fils de plouc, c’est l’irrévérence.

H.G. : Oui, ce sont des gens qui ont voulu aller loin, dépasser les limites. On essaye aussi d’aller dans des zones inconfortables.

L.G. : On a écrit le film de façon linéaire, et notre leitmotiv, c’était : comment faire en sorte que la nouvelle scène soit encore pire que la précédente ? On visait la surenchère, en somme.

Le film commence d’ailleurs par une scène marquante… de coprophagie.

H.G. : En fait, on s’est posé cette question : quelle est la meilleure façon de commencer un film pour que les gens aient (potentiellement) immédiatement envie de l’arrêter ? Ça nous semblait être une bonne idée… Ça vient en fait d’une vidéo d’amis qui trainait sur YouTube, où ils se faisaient une blague, ils avaient piégé l’un de leur pote en lui faisant manger des excréments.

L.G. : On s’est dit que ça ferait une bonne scène d’introduction, pour ancrer et présenter les personnages.

C’est un film qui a une vraie liberté de ton, est-ce que c’est aussi une question de conditions de production, est-ce que ce “petit budget” était aussi gage de liberté ?

L.G. : En fait pour nous, même ce budget-là, c’était du bonus ! On pouvait enfin payer des gens (rires). Bon, c’est vrai qu’on a dû faire des choix, parfois nous étions un peu justes, mais en vrai, ces contraintes on les aime bien. Elles nous obligent à rester attentifs sur le tournage, et à être créatifs pour trouver des idées qui fonctionnent aussi bien financièrement que narrativement.

H.G. : En effet, le fait de ne pas avoir beaucoup d’argent nous a permis de faire ce qu’on voulait, ou presque. Le producteur nous faisait confiance, et on a pu garder nos idées. Dans ces conditions, on aime bien l’idée de faire des films pas chers !

Quelles sont vos envies de cinéma aujourd’hui ?

H.G. : On est en train d’écrire un autre film, encore une comédie. On aime bien l’idée de faire encore un film pas trop cher, qu’on pourra tourner assez vite.

L.G. : On sait que c’est très dur de faire des films, on est déjà hyper heureux d’avoir pu en faire un, et on n’a pas envie d’attendre une éternité pour en faire un deuxième…

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