EL REINO, de Rodrigo Sorogoyen

Le pitch
Manuel Lopez-Vidal est l’un des pontes de son parti en Espagne. Son avenir et son ascension sont tout tracés. Mais des enquêtes pour corruption vont peu à peu compromettre la cohésion du parti. Soudain, c’est même chacun pour soi.

Démarrant comme une chronique politique documentée et hyper réaliste, El Reino, ou « Le royaume » en français, vrille doucement en thriller complètement haletant. Et on doit cette petite bombe à Rodrigo Sorogoyen.

Un film politique
El Reino a germé dans les esprits de l’auteur/réalisateur Rodrigo Sorogoyen et de sa coscénariste Isabel Pena après l’affaire Gürtel. L’affaire Gürtel, révélée par le quotidien El Pais, c’est un scandale qui a touché dès 2009 le Parti Populaire (le grand parti de droite espagnol) et qui a mis en lumière une vaste affaire de corruption. Le cinéma espagnol contemporain n’a pas cette ambition politique et cela désole Rodrigo Sorogoyen : « Quand on a commencé à écrire en 2016, se rappelle-t-il, on était très étonnés de voir que personne n’avait fait un film comme ça jusque-là. Il y avait pourtant des choses à dénoncer… Il y a une obligation, pour les cinéastes, de faire plaisir au public, certes, mais aussi de dire des choses intéressantes. C’est important pour une société. »

El Reino a raflé 7 Goyas, l’équivalent des César en Espagne. Meilleur réalisateur pour Sorogoyen, meilleur acteur pour Antonio de la Torre, Meilleur scénario original, Meilleur montage, Meilleur son, Meilleure musique originale, Meilleur acteur secondaire pour Luis Zahera. En revanche, avec 250000 spectateurs espagnols en salles, le film a été un relatif échec commercial dans son pays. Un échec que Sorogoyen analyse en deux temps. D’abord, le marché est très concurrentiel en Espagne ; ensuite, un film comme le sien est trop clivant politiquement dans un pays où droite et gauche sont irréconciliables : « Un spectateur de droite, dit-il, quand il voit la bande-annonce d’El Reino et qu’il apprend de quoi ça parle, il ne va pas le voir. Un film peut être considéré comme l’ennemi. »

Antonio De La Torre et la potion magique
Pour jouer Manuel Lopez-Vidal et même s’il s’est beaucoup documenté sur la figure-même du politicien, Antonio de la Torre a trouvé son inspiration dans un personnage hors du commun : Astérix. « Tous les López-Vidal du monde entier sont comme accros aux effets de la potion magique qu’est le pouvoir. En fait, El Reino raconte ce qui se passe quand des méga-junkies se voient privés de leur drogue… » Une analogie que Sorogoyen confirme : « C’est ce que j’ai dit aux acteurs : vous devez parler comme si vous étiez sous cocaïne tout le temps. »

Voir le film ici.

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