DREAMS ON FIRE, de Philippe McKie

Le pitch

Dans Dreams on Fire, la danse est reine. Yume, quand elle découvre un numéro sur scène, en est sûre : elle veut devenir danseuse. Elle envoie paître ses parents et part à Tokyo. Les débuts, sans argent, sans contact, se révèlent difficiles. Mais Yume croise des gens plus ou moins bienveillants qui tous à leur façon vont la faire avancer et lui permettre de se perfectionner.  

Un paradoxe est à l’œuvre avec Dreams on Fire. D’un côté, le réalisateur Philippe McKie montre comment, pour survivre, Yume doit faire des petits boulots qui risquent de la détourner de son rêve. Elle est notamment hôtesse dans un bar où les hommes sont très collants et où il vaut mieux poser les limites. La fatigue, les abus du patron, les échecs en auditions, le peu d’espace dans son studio minimisant ses possibilités à répéter, tout concourt à la faire échouer. 

D’un autre côté, une véritable sororité se met en place, entre les danseuses et au-delà. Yume bénéficie de conseils, de cours, de petites aides de différentes natures, et ce, grâce à des femmes (en grande majorité). Elle-même finit par aider, conseiller, inspirer. Dreams on Fire, c’est un film de corps souples, désirés mais qui restent indépendants. Un bien beau film aux musiques prenantes et à l’ambiance bien moins lisse que la plupart des films japonais contemporains. Il y a quelque chose du Gaspar Noé d’Enter The Void et de Climax dans cette ambiance moite et survoltée. 

Le voguing

Si l’héroïne bouge si bien, c’est parce que son actrice, Bambi Naka est une danseuse professionnelle reconnue. À 31 ans, quelques tatouages très beaux qu’on voit dans le film et un charisme à toute épreuve, elle est spécialisée dans le voguing. Ce style de danse, issu de la scène gay et trans des afros et latinos-américains a émergé à New-York dans les années 1970. Il connaît un véritable essor depuis une dizaine d’années un peu partout dans le monde.  

Pour simplifier, le voguing consiste s’inspirer des démarches de mannequins et de leurs poses qu’on retrouvait dans le magazine Vogue. Là-dessus, les danseurs et danseuses font de grands mouvements de bras et de jambes, tour à tour anguleux et souples. Paris is burning de Jennie Livingston en 1971 et plus récemment Pose de Ryan Murphy ont raconté toute la dimension politique et esthétique de cette danse. 

Dreams on Fire intègre donc cet art aux autres, le film ne hiérarchisant pas les styles, ni les scènes sur lesquelles sont faites les performances. Le réalisateur filme avec le même appétit un spectacle prestigieux, une répétition en studio ou une performance dans un club SM où de la cire chaude coule sur le corps. Dreams on Fire laisse à tous ces artistes le droit et la possibilité d’essayer, de rater, de réessayer, et de peut-être réussir. C’est aussi un film où le collectif prime : les victoires sont toujours obtenues en équipe.  

Voir le film ici (sortie le 13 juillet).

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