Alexandre Mathis Cinema Sabaya est un film important. Parce que son histoire est la nôtre. Huit femmes, arabes et juives, participent à un atelier cinéma. Elles doivent, face à la caméra, partager leurs désirs, leurs vies, leurs espoirs, leurs craintes. Et à travers ce procédé, apprendre à se connaître, d’une part, mais aussi à comprendre la voisine de table, celle avec qui en apparence elles ne partagent rien. Et à chaque prise de vue, la dynamique de groupe oblige les femmes à remettre en question leurs croyances tout en apprenant sur l’autre.
Oui, Cinema Sabaya est un film important. Parce que l’actualité, chaque jour, le soir à la télévision, nous rappelle les massacres en cours, et parce que le film de la cinéaste israélienne Orit Fouks Rotem, certes tourné avant les évènements récents, n’ignore et ne cache rien de la réalité d’un monde qui tremble, qui a peur. La peur, justement. C’est ce que nous dit le film ; il faut la conjurer. Et pour cela, seule la parole, pourquoi pas au travers du regard d’une caméra, compte.
Le film raconte la vie au quotidien de ces femmes, d’un âge certain, ou femmes en devenir, encore adolescentes dans leur tête, ainsi que leurs différents points de vue sur les dilemmes qui préoccupent en Israël, mais aussi tout autour de la planète. On y parle, d’abord avec timidité puis avec de plus en plus d’assurance, de la vie de couple, la maternité, mais aussi, plus dur, des agressions sexuelles, et naturellement, des relations entre les diverses communautés en Israël.
Encore une fois : Cinema Sabaya est un film qui compte. Parce qu’il est aussi un film qui soigne, un film qui peut guérir. Si là n’est pas forcément le but premier du cinéma – ce serait lui mettre beaucoup de pression sur les épaules –, il en a néanmoins la capacité. Film sur la liberté, l’égalité et la sororité, Cinema Sabaya est l’un des immenses coups de cœur de ce début d’année.
PARCE QUE c’est un film qui résonne très fort avec une actualité douloureuse, un film qui peut panser des plaies.
