CHÂTIMENT, la série coup de poing

Le pitch: Six perspectives cinématographiques. Six récits dramatiques…Une série anthologique, inspirée des nouvelles de Ferdinand von Schirach, mettant en lumière six des réalisateurs les plus captivants d’Allemagne. Des visions singulières et radicales sur des dilemmes moraux dans lesquels notre liberté individuelle est confrontée aux nécessités de la justice et du vivre ensemble.

Brutale, implacable, anxiogène… Châtiment est une série coup de poing, à ne pas mettre devant tous les yeux ! 

Prendre Black Mirror, la célèbre série britannique créée par Charlie Brooker, mettre de côté son discours techno-horrifique (pas toujours très pertinent, d’ailleurs) et plonger jusqu’au bout dans la noirceur humaine et les déviances de notre société… Voilà la recette terrible mais ô combien percutante de Châtiment, série télévisée venue d’Allemagne. 

Créée par Oliver Berben et Ferdinand von Schirach, adaptée des nouvelles écrites par ce dernier, Châtiment est une anthologie, c’est-à-dire une série qui explore toujours les mêmes thématiques et conserve la même direction artistique, mais où les personnages et les récits changent d’un épisode à l’autre. Ce modèle très populaire de nos jours a souvent pour vocation de porter un point de vue critique sur notre société, en pointant du doigt, épisode après épisode, tout ce qui cloche voire déraille sévèrement dans notre monde. 

La Quatrième Dimension, par exemple, mettait en lumière les cauchemars existentiels d’une Amérique en pleine guerre froide ; Alfred Hitchcock présente s’intéressait avec malice aux pulsions de mort qui sommeillent au fond de notre âme ; et Black Mirror, justement, prenait pour sujet la course (parfois délirante) au progrès technologique et son impact humain et politique. Châtiment choisit pour le coup de creuser une fibre plus émotionnelle, plus viscérale : celle du vice, de la perversité, ou encore des manipulations qui brisent les vies des innocents et protègent les véritables bourreaux. 

Pour se faire, Berben et von Schirach ont rassemblé des cinéastes divers, plus ou moins bien installés dans le cinéma allemand contemporain, pour garantir des ruptures et des variations à chaque nouvelle intrigue. Dans Le plongeur, Oliver Hirschbiegel (réalisateur de La Chute) s’intéresse au fétichisme sexuel dans un milieu catholique rigoriste. Dans Soubbotnik, Helene Hegemann suit le quotidien d’une avocate dont le client est un trafiquant d’êtres humains. Dans Un jour bleu clair, David Wnendt, tel Christopher Nolan dans Memento, retrace dans l’ordre antéchronologique le parcours d’une femme infanticide. Influence néfaste de la religion, désirs sexuels secrets, brutalité du système carcéral ou encore les dilemmes qui traversent notre système judiciaire… Dans Châtiment, aucun sujet brûlant n’est contourné. 

Il faut ici rappeler que la série est parfois très difficile à regarder, ne reculant jamais devant la violence physique ou psychologique que vont subir ses personnages principaux. L’objectif n’est pourtant pas d’accabler les spectateurs ou de les “torturer” gratuitement. Car en plus de son regard politique acéré et sans concessions, Châtiment contient quelques jolis moments d’émotion. À la façon d’un Lars von Trier, période Dancer in the Dark, la noirceur profonde de la série est paradoxalement propice à l’éclosion de jolis moments de tendresse, de chaleur humaine et d’intimisme réconfortant. Au milieu de l’enfer, chaque petite éclaircie, même fugace, fait l’effet d’une bouffée d’oxygène. Aussi tendue soit-elle, la série n’en reste donc pas moins profondément humaine. 


Parce que 6 réalisateurs allemands incontournables aujourd’hui explorent les recoins les plus sombres de l’âme humaine.

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