Pourquoi regarder CHANDA, UNE MÈRE INDIENNE d’Ashwiny Iyer Tiwari ?

On connaît le cinéma indien pour ses comédies musicales produites en série à Bollywood, ou encore son cinéma d’action survolté, mais on connaît moins ses films tournés en dehors du système. Chanda, une mère indienne est, fait encore moins commun, réalisé par une femme, la cinéaste Ashwiny Iyer Tiwari dont c’est le premier film. D’abord publicitaire, photographe et journaliste renommée en Inde, on sent l’influence que ces métiers ont eu sur son regard de réalisatrice.

L’idée de Chanda, une mère indienne part en effet d’un constat social : en Inde, 38% des filles abandonnent l’école avant d’atteindre l’enseignement secondaire. Une réalité glaçante, dans un pays déjà bien marqué par les inégalités sociales et de genre. Le projet d’Ashwiny Iyer Tiwari est donc d’éveiller les consciences sur ce sujet grave, à la fois en Inde et à l’international, et d’encourager les jeunes filles à rester scolarisées aussi longtemps que possible.

Si Chanda, une mère indienne est un drame social, il n’en reste pas moins un film d’espoir, qui se termine sur une note positive. On s’attache aux personnages de Chanda et de sa turbulente fille Apeksha, grâce notamment au casting parfaitement mené par la réalisatrice, qui est allée chercher de jeunes acteurs et actrices non-professionnels. Un choix singulier, qui porte toutefois ses fruits. Swara Bhaskar et Riya Shukla sont d’une criante vérité.

Dédié à “toutes les mères”, Chanda, une mère indienne est un film féministe et progressiste qui fait passer son message sans avoir l’air d’un film en thèse. En dehors des personnages de Chanda et d’Apeksha, le film nous fait comprendre que même pour des personnes aisées comme le Dr. Diwan, pour qui travaille Chanda, les femmes auront toujours plus à prouver que les hommes. C’est d’ailleurs grâce à cette dernière que Chanda finit par intégrer le collège de sa fille, au prix d’une lutte avec le directeur antipathique, qui a en plus pour lui le défaut d’être professeur de mathématiques.

Le film se veut également une critique d’un système qui aliène les femmes. Lorsqu’Apeksha passe son temps devant la télévision à regarder des films “made in Bollywood” et à reproduire ses séquences préférées, elle oublie de rêver et d’être ambitieuse. C’est une manière pour Ashwiny Iyer Tiwari de pointer du doigt l’industrie du cinéma indien qui ne fait que reproduire des schémas de domination, lobotomise ses spectateurs, et surtout ses spectatrices.

Chanda, une mère indienne fait un clin d’oeil tout sauf anodin au plus grand cinéaste de l’histoire du cinéma indien : Satyajit Ray. Le surnom d’Apeksha est Appu, qui fait évidemment écho à Apu, personnage mythique d’enfant de la filmographie de Ray, à qui il a notamment dédié une trilogie. Drame social en trois parties, la trilogie d’Apu montrait l’ascension difficile d’un garçon pauvre de la campagne indienne jusqu’à la grande ville de Calcutta. Comme Ray à son époque, Ashwiny Iyer Tiwari jette un regard sur son époque et se sert du cinéma pour tenter de faire évoluer les consciences.


PARCE QUE cette fable émancipatrice milite pour la scolarisation des femmes indiennes. 

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