BURN AFTER READING, des frères Coen

L’intelligence est relative

Treizième film de Joël et Ethan Coen, cette comédie d’espionnage marque un virage à 180° par rapport à leur précédent long métrage, le très noir No Country For Old Men, salué par 4 Oscars, dont celui du Meilleur Film, en 2008. Avec pour sous-titre “l’intelligence est relative”, le film clôt une Trilogie des Idiots entamée avec O’Brother et poursuivie avec Intolérable cruauté. Point commun de ces trois films : la présence au générique de George Clooney, playboy absolu en qui les frères Coen ont manifestement trouvé le benêt idéal. Il pousse cette fois la plaisanterie un cran plus loin en incarnant un passionné du sexe qui s’est fabriqué une incroyable machine à plaisir et qui ne se déplace jamais sans son coussin point G, qui, comme son nom l’indique, est censé aider aux positions favorables à la conquête du septième ciel !

Tourné dans la joie et la bonne humeur, ce nouveau film est né du simple désir des frères Coen de se faire plaisir avec leurs acteurs fétiches, auxquels ils ont ajouté quelques nouveaux venus dans leur univers : si Frances McDormand, par ailleurs compagne de Joël Coen, est une habituée de leur cinéma – comment oublier sa prestation loufoque de flic enceinte dans Fargo ! – c’est en revanche la première fois que le duo collabore avec John Malkovich et Brad Pitt, à qui il a été demandé pour l’occasion de “réveiller l’andouille qui sommeillait en eux”. Le résultat: une improbable intrigue d’espionnage, mêlant coulisses de la CIA, club de sport, opération de chirurgie esthétique, couple adultère et CD-ROM égaré….

Notons toutefois que l’apparente légèreté du propos n’enlève rien de leur cinéphilie aux frères Coen, qui ont souhaité, via l’affiche du film, rendre un hommage appuyé à Saul Bass, inoubliable graphiste à qui l’on doit entre autres les génériques et les affiches de L’Homme au bras d’or d’Otto Preminger ou Sueurs Froidesd’Alfred Hitchcock, devenus des références absolues pour les collectionneurs de goût…

Brad Pitt, andouille sacrée

C’est bien entendu l’incroyable performance de Brad Pitt, sex symbol transformé en kéké absolu, qui a retenu l’attention du public et de la critique, les fans de l’acteur ne s’étant toujours pas remis de le voir déambuler en short lycra moulant! L’ensemble de son look improbable a d’ailleurs constitué un vrai défi pour les chef costumière et chef coiffeuse du film : la première lui a confectionné une coupe en brosse que n’auraient pas reniée les rockers des années 80, tandis que la seconde s’est vue obligée de l’affubler d’un costume a priori taillé pour un homme corpulent, seule solution pour faire de lui un vrai ringard. Selon la professionnelle, “même un costume bon marché rendait bien sur Brad” : dure réalité des beaux gosses, qui a également poussé George Clonney à investir dans une chaîne en or et un pantalon taille haute. 

On notera au passage que le film marque la réunion à l’écran des potes Brad Pitt et George Clooney, qui formaient déjà le duo central de la trilogie des Ocean’s Eleven, Twelve et Thirteen tous signés Steven Soderbergh.

Une équipe qui gagne

Habitués à travailler avec les mêmes collaborateurs, les frères Coen se sont entourés de leurs fidèles, à une exception près: leur directeur de la photographie. En lieu et place de Roger Deakins, qui a signé l’image de tous leurs films depuis Barton Fink, on trouve en effet Emmanuel Lubezki, plutôt un habitué des films fantastiques, notamment le Sleepy Hollow de Tim Burton ou Le Fils de L’homme signé Alfonso Cuaron.

Quant au monteur du film, ne cherchez pas trace de sa filmographie: derrière le nom de Roderick Jaynes se cachent en effet les facétieux frères Coen, qui utilisent quasi systématiquement ce pseudonyme sur leurs longs métrages. C’était notamment le cas pour Roderick Jaynes  qui s’est ainsi vu deux fois nominé aux Oscars, pour Fargo et No Country For Old Men ! 

Présenté en ouverture du festival de Venise en 2008, Burn After Reading a parfois été jugé comme un film mineur dans la filmographie des frères Coen, victimes de leur précédent coup de maître. Pas de quoi gâcher le plaisir pris à cette comédie burlesque, plus profonde qu’il n’y paraît dans son commentaire politique…

Voir le film ici.

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