Pourquoi regarder LA FORTUNA, d’Alejandro Amenabar

Le pitch: En Espagne, un chasseur de trésor américain découvre l’épave d’un galion immergée depuis plusieurs siècles et met la main sur une fortune en pièces d’or. Álex Ventura, un jeune employé du ministère de la Culture, entreprend de prouver que l’épave appartient à l’Espagne afin de récupérer le trésor.

Deux arguments très évidents attirent tout de suite pour La Fortuna. D’abord son réalisateur Alejandro Amenábar, auteur des géniaux Les AutresAgora ou encore Ouvre les Yeux (remaké ensuite aux Etats-Unis sous le nom avec Vanilla Sky). Ensuite, un second rôle de luxe pour une série espagnole : Stanley Tucci. L’intérêt de La Fortuna est justement ce basculement entre l’Espagne et les Etats-Unis. 

Pour cela, il fallait trouver une histoire parfaite. Amenábar raconte justement la lutte entre la diplomatie espagnole et un puissant chef d’industrie américain autour du possible trésor d’un navire du XIXe siècle. Le magnat (Tucci donc) trouve l’épave et le trésor, l’Espagne revendique son bien puisqu’il s’agissait d’un navire de la couronne coulé par les Britanniques en 1804. 

Habitué d’Hollywood, Amenábar maîtrise ce va-et-vient entre deux mondes, deux langues, deux approches. Notre empathie va plus naturellement pour la lutte espagnole, avec son jeune diplomate et sa collègue rebelle et idéaliste. Certes. Pour autant, la dimension américaine est intelligemment écrite avec un Tucci en père de famille attentionné et empreint d’une sorte de sagesses aux crocs acérés. Ni vraiment méchant, ni franchement sympa. 

La mini-série s’amuse aussi avec les genres, si chers au cinéaste qui a aussi bien fait des films d’épouvante que des thrillers psychologiques. Là, l’espionnage, le thriller et le drame ne sont jamais loin. Il profite aussi de son sujet pour quelques reconstitutions historique de chouette acabit. 

Enfin, on retrouve d’Amenábar son goût pour la grande histoire espagnole (lui qui a aussi réalisé Lettres à Franco et plus récemment Cervantes avant Don Quichotte). C’est aussi la grande question de la place du pays dans le monde moderne. Ancien empire colonial et immense puissance économique, l’Espagne du XXIe siècle est un pays entre deux eaux. S’il reste un pays riche, il regarde les USA comme un ogre. Dans La Fortuna, il est question d’économies de bouts de chandelles et d’incapacité pour le ministre de la Culture de demander l’utilisation de sous-marins. C’est enfin une série judiciaire, où la loi, la jurisprudence et les accords internationaux sont centraux. Les pirates d’antan sont-ils alors les mêmes aujourd’hui et où commence le pillage quand on parle d’explorations et de recherches. La Fortuna ne tranche qu’en partie, laissant intelligemment se développer des zones grises sans pour autant tomber dans le confusionnisme. 


Parce que cette série d’aventure inspirée d’une bande-dessinée espagnole est réalisée par Alejandro Amenábar, cinéaste reconnu internationalement pour « Ouvre les yeux » et « Les Autres »

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