Pourquoi regarder THE RIDER de Chloé Zhao ?

Dans la réserve indienne de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud, Blady Blackburn, jeune cow-boy dresseur de chevaux et champion de rodéo, vit dans une caravane  avec son père et sa petite sur autiste, Lilly. Après une mauvaise chute en plein spectacle de rodéo, il se remet difficilement d’une blessure qui paralyse de temps en temps sa main droite. Contre l’avis de son médecin, il souhaite renouer avec sa passion, tout en aidant son meilleur ami, Lane Scott, qu’un accident de cheval a rendu paralytique. Brady va devoir apprendre à faire la part de ses rêves, entre ce qu’il aime et ce qu’il lui est possible d’accomplir. Telle est l’histoire que raconte la cinéaste Chloé Zhao dans son second film, The Rider.

Sino-américaine née à Pékin en 1982, Chloé Zhao est tout à la fois fascinée par les paysages de la plaine de la Mongolie intérieure et la vie hors des grands centres urbains américains. C’est dans la presse qu’elle a découvert des photographies des jeunes Amérindiens de la réserve de Pine Ridge, descendants des Sioux Lakota. Selon ses propres termes, elle est alors frappée par « la dureté de leur existence mais aussi par une sorte de joie dont on ne parle jamais. » Son premier film, Les chansons que mes frères m’ont apprises, naquit de cette découverte et The Rider en constitue une sorte de second volet qui se concentre sur l’activité des cow-boys de rodéo. 

Comme dans son premier film, Chloé Zhao a recours pour The Rider à des acteurs non professionnels qu’elle fait évoluer dans leur propre environnement. C’est ainsi sa rencontre avec Brady qui va entraîner l’écriture du scénario. L’accident de Brady en 2015 précipite même cette étape  et le film devient l’histoire de cette convalescence. Tourné en un mois avec une équipe très légère de six personnes dont la réalisatrice, The Rider repose de fait sur un budget particulièrement bas.

« La grande leçon, c’est qu’il est plus important d’obtenir un vrai moment d’émotion entre deux personnages plutôt que de courir après un magnifique soleil couchant. Ce que je n’avais pas compris  lors de mon précédent film où je cherchais trop à faire mon « grand film ». Avec The Rider, j’ai mis en sourdine  mon ego et mon ambition de metteur en scène, ce qui m’a éclairci les idées. » Ainsi s’exprimait Chloé Zhao lors de la sortie de son film, dans un singulier mélange de lucidité et de modestie. 

The Rider s’inscrit assurément dans une longue tradition où les personnages filmés interprètent avec plus ou moins de distance leur propre rôle, Nanouk l’Esquimau que Robert Flaherty réalisa en 1922 pouvant être considéré comme le premier ancêtre de cette lignée pas comme les autres. Et la cinéaste d’expliciter : « L’essentiel se joue au scénario : comme je les connais par cœur, je n’écris pas en fonction de ce qu’ils sont, mais de ce qu’ils sont capables de me donner comme acteurs. Car ils jouent constamment : Brady dans la vie est très différent de son personnage dans le film. Mais je sais ce que je peux lui demander, il ne s’agit pas d’exiger une performance virtuose. »

Contrairement au choix qu’elle avait fait dans son film précédent, Les chansons que mes frères m’ont apprises, Chloé Zhao pour The Rider ne fait pas de l’appartenance ethnique de ses personnages le sujet de son film. C’est le drame existentiel de Brady, lequel a d’ailleurs toutes les apparences d’un Américain « blanc » du Midwest, qui est au centre du récit et de la narration. Force est de constater cependant que la rectitude morale du personnage principal le relie à une « sagesse indienne », bien éloignée et bien différente du rêve américain collectif et de l’esprit de compétition qui en découle.


PARCE QUE c’est le film de la consécration internationale de la cinéaste sino-américaine Chloé Zhao, entre fiction et documentaire.

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