MANDARINES (2016), Zaza URUSHADZE
Zaza Urushadze, réalisateur géorgien, nous plonge dans la guerre d’Abhkazie, conflit largement méconnu et complexe qui oppose les indépendantistes de la région d’Abhkaze aux géorgiens nationalistes n’acceptant pas cette scission.
Cette situation délicate tranche avec la vie simple de Ivo, paysan solitaire continuant à cultiver ses mandarines malgré la guerre qui fait rage. Contraint par les circonstances, il va accueillir sous son toit deux combattants ennemis blessés. Ivo devient alors un médiateur innatendu qui tente d’apaiser la haine des deux hommes.
Ce film, nommé comme meilleur film étranger au festival de Cannes en 2015, est à la fois porteur d’espoir et emprunt de cruauté, mettant en lumière l’humanité qui peut subsister même au cœur des conflits mais ne cessant de rappeler sa fragilité.
NUITS BLANCHES (1958), Luchino VISCONTI
Cette oeuvre du grand Visconti retrace la rencontre entre une femme attendant son amant disparu et un homme attendant un but dans sa vie qui semble à la dérive. Le jeu drôle et attendrissant de Marcello Mastroianni contraste avec la tristesse de la situation amoureuse dans laquelle il est plongé dans cette brillante adaptation de la nouvelle Les Nuits Blanches de Dostoïevski.
FAUX SEMBLANTS (1989), David CRONENBERG
Faux Semblants de David Cronenberg est un chef-d’œuvre d’angoisse où l’oppression psychologique imprègne chaque scène. L’histoire des jumeaux Mantle, gynécologues inséparables interprétés avec une intensité glaçante par Jeremy Irons, plonge le spectateur dans un univers clinique et froid où la frontière entre le génie et la folie s’effrite. La mise en scène, rigoureusement symétrique et aseptisée, amplifie une tension sous-jacente : une sensation persistante que quelque chose de terrible est inévitable. Les dialogues, souvent feutrés mais pleins de sous-entendus menaçants, et une musique minimaliste, presque organique, contribuent à ce sentiment de mal-être croissant, jusqu’à l’explosion finale de l’horreur.
AMANDA (2022), Carolina CAVALLI
La réalisatrice italienne Carolina Cavalli dans son film Amanda explore de manière décalée et avec une touche d’humour noir l’excentricité des relations humaines. Amanda est privilégiée, elle a un fort caractère et parle mal à sa famille, mais pourtant on ne peut s’empêcher de s’attacher au personnage. Au fond elle s’ennuie et se sent seule, ainsi elle se lie progressivement d’amitié avec une ancienne connaissance tout aussi misanthrope. Le film est à l’image de la vie d’Amanda, il ne se passe pas grand chose, c’est assez répétitif. Mais au final c’est ce rythme contemplatif qui le rend si addictif.
BURNING (2018), LEE Chang-Dong
Le long-métrage de Lee Chang-Dong qui a envoûté le festival de Cannes en 2018. Débutant comme une histoire d’amour intimiste, Burning se métamorphose rapidement en un thriller anxiogène où chaque détail vire à l’obsession. Tout comme son personnage principal, le spectateur est pris dans une spirale de paranoïa, un étau qui se resserre jusqu’à un final renversant. Cette enquête subjugue par sa photographie et fascine par le jeu complice de ses acteurs. Burning sème dans les esprits les graines d’une énigme qui ne quitte jamais la mémoire même des années après le visionnage. Un choc qui marque à jamais le thriller des années 2010.
DOULEUR ET GLOIRE (2019), Pedro ALMODOVAR
Douleur et Gloire raconte l’histoire de Salvador, un réalisateur désabusé confronté à des problèmes mentaux et physiques, qui, par une série de coïncidences, se retrouve à renouer avec son passé et à réfléchir sur sa vie. Bien que vague et feutré dans son approche, c’est un film profondément ambitieux qui explore l’importance de revisiter le passé pour le surmonter, ainsi que les façons dont il trace nos chemins dans la quête du bonheur. Le film adopte une structure complexe et non linéaire, entrelaçant l’intrigue principale avec des flashbacks de l’enfance du protagoniste dans une villa espagnole idyllique, des récits d’un éveil sexuel, sa relation avec sa mère, un ancien amant et la recherche de l’inspiration dans l’art. C’est un scénario délicieusement flou, porté par un Antonio Banderas magnifique dans un rôle qui redéfinit sa carrière, et la direction la plus personnelle et passionnée d’Almodóvar à ce jour.
SUBMARINE (2011), RIchard AYOADE
Submarine suit Oliver Tate, un étrange garçon gallois de 15 ans qui navigue entre sa première relation amoureuse et le mariage en déclin de ses parents. C’est le point de départ classique de presque tous les films “coming-of-age”, mais la singularité de Submarine réside dans le style décalé et ironique qu’il adopte pour capturer la maladresse et l’angoisse de l’adolescence. C’est un film divertissant qui mélange comédie irrévérencieuse et drame introspectif d’une manière très particulière. La réalisation évoque souvent un Wes Anderson mélancolique, et l’ambiance excentrique du film est renforcée par une esthétique Tumblr emblématique des débuts des années 2010 et une bande originale phénoménale signée Alex Turner, le célèbre chanteur des Arctic Monkeys.
A BORD DU DARJEELING LIMITED (2008), Wes ANDERSON
Le cinquième long-métrage de Wes Anderson est fascinant dans sa manière de peindre les relations familiales, de manière si simple, mais si pure. La traversée de l’Inde des trois frères aux caractères si différents, nous plonge dans la retrospection et la nostalgie. Fidèle à son style, Wes Anderson nous fait découvrir des paysages et des coutumes magnifiques, le tout dans une explosion de couleurs.
LE CHARME DISCRET DE LA BOURGEOISIE (1972), Luis BUÑUEL
Le Charme discret de la bourgeoisie de Luis Buñuel est une satire absurde de la classe bourgeoise. Dans un style surréaliste qui lui est propre, et grâce à un enchevêtrement de rêves et de non-sens, Buñuel montre l’hypocrisie et surtout le vide de l’existence bourgeoise. Les personnages se retrouvent dans des situations où incapables de satisfaire leurs désirs ils se retrouvent face à une réalité troublante et décalée. On peut d’ailleurs se demander si le thème de l’événement toujours reporté n’aurait pas inspiré Quentin Dupieux pour son dernier film Daaaaaalì.