Pourquoi regarder SEPT ANS DE REFLEXION de Billy Wilder ?

Si, subjugué par la star, un chroniqueur de la revue Positif écrivit « Sept ans de réflexion est un film sur Marilyn Monroe, non l’adaptation d’une pièce de théâtre », ce onzième film américain de Billy Wilder, est bien l’adaptation d’une pièce de théâtre, signée George Axelrod, futur scénariste de Diamants sur canapé. Elle fut créée à Broadway en 1952 et à Paris l’année suivante, au théâtre Edouard VII, par Jean Richard et sa future épouse Annick Tanguy, sous le titre : Demeure chaste et pure.

Ce film marque la première rencontre de Marilyn (28 ans) avec Wilder (48 ans), qui la dirigera à nouveau, quatre ans plus tard, dans Certains l’aiment chaud. Malgré les sempiternels retards et la mémoire souvent défaillante de son interprète, le cinéaste fut toujours très admiratif : « Elle était née avec du talent », confiera-t-il à Volker Schlöndorff dans un long entretien filmé, réalisé à la fin des années 1970.

Avec Sept ans de réflexion, nous pénétrons dans l’appartement newyorkais de Richard Sherman (Tom Ewell) qui, célibataire pour l’été, s’est bien juré d’être très sage. Ne pas boire, ne pas fumer, ne pas sortir… Oui mais voilà, sa charmante voisine du dessus (Marilyn Monroe) a oublié ses clés…

Sorti à Paris dans quatre salles de première exclusivité, dont le Max Linder, en février 1956 – c’est  à dire huit mois après sa sortie américaine –, Sept ans de réflexion fit l’unanimité de la critique. Michel Boujut, dans les Nouvelles littéraires (lors d’une réédition dans les années 80) le jugea « succulent » ; Louis Chauvet, dans le Figaro, « étincelant [et] irrésistible ». Billy Wilder fut surnommé « le maître », pendant que ces deux principaux interprètes étaient complimentés à longueur de colonnes. « Tom Ewell témoigne dans la drôlerie d’une intelligence prodigieuse », écrit Chauvet, « Tout le poids du film repose sur les épaules d’un inconnu […] extraordinaire […] nommé Tom Ewell », poursuit J.-G. Pierret, dans Télérama. C’est ainsi qu’un an après son duo avec Marilyn – qui lui vaudra un Golden Globe –, l’acteur tombera dans les bras de sa future rivale, alors débutante, Jayne Mansfield, dans la Blonde et moi de Frank Tashlin.

A propos de Marilyn, la presse française fut également dithyrambique. Pour Jacques Doniol-Valcroze, dans France-Observateur, « Marilyn est un des phénomènes du demi-siècle, comme les soucoupes volantes, le mouli-légumes, Minou Drouet et la gaine Scandale ». De son côté, Pierre Lachenay qui, dans les Cahiers du cinéma la situait « entre Chaplin et James Dean », achevait son article en s’interrogeant gravement : « Comment, au jour d’aujourd’hui, s’abstenir de voir un film de Marilyn Monroe ? » Pauvre Marilyn qui tourne Sept ans de réflexion alors que rien ne va plus avec son deuxième mari, le champion de base-ball, Joe DiMaggio.

Terriblement jaloux, celui-ci va, en plus et comme de très nombreux Newyorkais massés sur Lexington Avenue, assister au tournage de la fameuse scène où les rames de métros soulève la robe de Marilyn. Trouvant la scène beaucoup trop osée, il quitta les lieux et, le soir même, dans leur chambre d’hôtel, lui en fit très violement le reproche. Dans Marilyn, le livre qu’il consacra à la star en 1973, le grand auteur américain, Norman Mailer, écrit : « Des voisins de l’hôtel qui occupent des chambres voisines entendent, dans la nuit, des bruits de coups [et] des pleurs. » Au matin, DiMaggio abandonnera Marilyn à New York pour repartir en Californie. Ils divorceront en octobre 1955.  Quoi qu’il en soit, cette scène devint à ce point mythique qu’elle fut régulièrement parodiée ou évoquée par des cinéastes tels qu’Yves Robert, Ken Russell ou Pascal Thomas et donna même naissance à un livre, la Robe de Marilyn, une monographie, à la fois cinéphilique et amusante, signée Marc Gauchée.

Ecrit par Laurent BOURDON


PARCE QUE c’est le 15 septembre 1954 que fut tournée la mémorable scène de la bouche de métro.

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